Le Wrap Up de la semaine où Vivendi a annoncé sa séparation en 3 entités (semaine du 18 décembre 2023)
💔 : Cafeyn après Ari - 🎮 : la mode se gamifie - 👾 : le métavers à la française - 📺 : TF1, cap sur le streaming - 🖼️ Nicolas de Staël en prince au MAMVdP
Avec l’annonce de la séparation de Vivendi en trois entités, c’est la fin du rêve de Jean-Marie Messier qui s’achève : ce démembrement est la reconnaissance implicite qu’avec l’acquisition définitive de Lagardère, la somme des parties est supérieure à leur coexistence sous le même toit. Adieu la décote de holding, adieu aussi la promesse de synergies entre les métiers de l’édition, de la TV (Canal qui pèse le plus lourd dans le groupement) et de la communication avec Havas. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…
Au sommaire de cette semaine du Wrap Up :
Résilient 💔 : Cafeyn se réorganise après la disparition de son fondateur
Gamifiés 🎮 : de nouveaux lancements de mode sous forme de jeux vidéos
Vu 🖼️ : Nicolas de Staël au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
⏳ Temps de lecture : 7 min 22 sec
Résilient 💔 : Cafeyn se réorganise après la disparition de son fondateur
⏳ : 1 min 22 sec
Cafeyn, une entreprise évoluant dans le secteur des kiosques numériques, continue de progresser malgré la perte de son cofondateur historique, Ari Assuied. Sa veuve, Marion Assuied, assume désormais le rôle d’actionnaire majoritaire et s'est engagée à poursuivre la vision de son défunt mari, visant à transformer Cafeyn en un "Spotify de l'information".
Avec une expérience préalable dans la gestion de marques de cosmétiques, Marion Assuied apporte son expertise en marketing et relation client à l'entreprise, tout en rejoignant le conseil d'administration aux côtés de la fondatrice de Nuxe, Aliza Jabès.
La direction opérationnelle reste entre les mains de Laurent Kayser, le bras droit d'Ari Assuied, qui a supervisé la diversification et l'internationalisation du groupe. Kayser, qui a rejoint Cafeyn en 2018, a vu l'entreprise passer de 30 à environ 200 employés. Il sera nommé DG à partir du 1er janvier prochain.
L'objectif du groupe français est de consolider le marché des kiosques numériques et d'étendre son influence internationale. La société prévoit toujours d'acquérir les opérations non scandinaves du concurrent Readly, une fois que l'OPA de Bonnier sur Readly International sera achevée. Cette acquisition stratégique positionnerait Cafeyn comme leader incontesté dans la distribution d'informations en Europe. Cafeyn est par ailleurs déjà présent au Royaume-Uni, au Canada, aux États-Unis, en Irlande, Italie, Belgique et Pays-Bas (où elle a acquis Blendle en 2020).
Cependant, l'entreprise doit faire face à des défis, dont l'émergence de PassPresse, un nouveau concurrent lancé par Prisma Media en France qui scella la fin de son partenariat de distribution avec Canal+ (sur l’hôtel des synergies défuntes évoquées en début de ce texte?). La fin de partenariat réduit forcément le nombre d’abonnés futur, même si Cafeyn affirme avoir gagné des milliers d'abonnés par le passé qui reste fidèle à la plateforme, et maintient d'autres partenariats notamment avec Bouygues Telecom, SFR ou Free en France.
Le groupe est rentable, avec des revenus légèrement en baisse en 2023. Les nouveaux abonnés payants et les partenariats de distribution en discussion devraient contribuer à retrouver une tendance à la croissance.
Enfin, Cafeyn prévoit une refonte en 2024 et affiche 2,5 M d'utilisateurs et près de 3000 médias internationaux. Certaines publications comme L'Équipe ont quitté le service pour privilégier l'abonnement direct.
Gamifiés 🎮 : de nouveaux lancements de mode sous forme de jeux vidéos
⏳ Temps de lecture : 56 sec
Nicholas Kovacich de la société Exclusible attire notre attention cette semaine sur la tendance émergente de la création de jeux personnalisés pour les lancements de produits, directement intégrés aux sites web des marques. Cette stratégie allie jeu et marketing, visant l'attention volatile de jeunes consommateurs.
Nike Jordan a récemment lancé un mini-jeu sur son site web pour la sortie de sa dernière sneaker, la Jordan AJ11 'Gratitude'. Le jeu est une course de motocross chronométrée, agrémentée d'une introduction en réalité augmentée. Cette approche ne veut pas se limiter à la promotion d'un seul produit mais espère par l’immersion renforcer la connexion entre la marque, ses codes et ses futurs clients.
Balenciaga qui s’est totalement renouvelé sur les jeunes publics, a déployé un mini-jeu de ski virtuel pour marquer les esprits et présenter sa nouvelle collection de ski. Malgré sa simplicité (et d’après les captures d’écran son côté jeu des années 1990), le jeu est légèrement addictif. Balenciaga a également ajouté des récompenses comme des fonds d'écran et des autocollants à thème pour encourager le partage et l'engagement des utilisateurs.
Ces initiatives se targuent d’être le début d'une nouvelle ère dans la gamification de l'e-commerce et des sites web en général, même si de tels phénomènes existent tout de même depuis de nombreuses… décennies.
L’appétence des jeunes générations pour les jeux vidéo allant grandissante, il est logique pour les marques d'intégrer encore plus ces expériences de jeu dans leurs stratégies de lancement.
Insistant 👾 : le métavers à la française persiste et signe
⏳ Temps de lecture : 1 min 24 sec
Toujours dans l’excellent journal Les Echos, un article creuse l'évolution du concept de métavers et sa compréhension actuelle. Il déconstruit un peu l'idée initialement proposée par Neal Stephenson dans le film Snow Crash (tirée du livre en français le samouraï virtuel) et reprise par Mark Zuckerberg, lors du rebranding de Facebook en "Meta", suscitant les commentaires les plus divers sur le concept de métavers en pleine bulle spéculative autour du web3.
L'article souligne que, contrairement à l'image d'un univers virtuel unique et omniprésent à la "Ready Player One", le métavers n'existe pas en tant que tel. Il est dans sa compréhension, plutôt un ensemble de mondes virtuels variés, incluant des jeux vidéo, des réseaux sociaux, et des expériences immersives, qui sont en constante expansion et diversification. Ces espaces permettent de jouer, explorer, interagir socialement et participer à des échanges économiques.
Jean-Noël Barrot, secrétaire d'Etat à la Transition numérique, lors d'un événement organisé début novembre, a souligné l'importance de ces technologies immersives dans les industries culturelles et créatives. La rencontre visait à définir une stratégie française pour le métavers (si si, vous lisez bien, les pouvoirs publics n’en ont pas fini avec l’immersion), cherchant à mettre en avant la pluralité et les multiples horizons des technologies immersives d’origine France.
Le journaliste souligne la place de la France dans ce domaine. Citant Fred Volhuer, fondateur d'Atlas V, expliquant comment son studio combine technologie et storytelling pour créer des contenus adaptés aux technologies immersives. Cette expertise s’est attirée les bonnes grâces de la critique internationale avec des productions primées et des partenariats ( avec Meta pour son Meta Quest Pro).
Apple évidemment avec l’arrivée prochaine du VisionPro anticipe (ou souhaite susciter) une nouvelle vague de création de contenus et d'applications immersifs qui viendraient servir l’achat de son device et les commissions prises sur la vente de contenus. Vrroom, autre startup française, développe des solutions pour le spectacle vivant et le sport pour aider les producteurs à se produire virtuellement.
Les pouvoirs publics sont également en soutien avec la commande de reconstitution virtuelle de monuments historiques.
En somme, le métavers n’est pas mort (même si la notion continue de charrier son lot de moqueries), il est même du point de vue des acteurs, bien vivant, même si très virtuel.
Challengé 📺 : TF1 met le cap sur le streaming vidéo
⏳ Temps de lecture : 1 min 31 sec
TF1 a communiqué la semaine dernière sur le lancement le 8 janvier de sa nouvelle plateforme de streaming gratuit, baptisé TF1+, marquant symboliquement ainsi une étape de plus dans son adaptation à l’ère numérique.
Cette plateforme cherchera à concurrencer, à sa modeste échelle toutefois, les géants US du streaming payant : l’offre étendard de 15 000 heures de programmes reste inférieure à celle de Netflix mais peut aisément se comparer à celle des autres streamers. Le PDG de la Une, Rodolphe Belmer dont c’est l’un des projets phares, met l'accent sur la diversité du contenu mise à disposition du grand public, TF1+ inclura 200 films familiaux, 200 téléfilms, des séries complètes, ses émissions de divertissement les plus populaires et toujours une offre jeunesse très correcte, sans oublier l’info : « Top Info », une offre d'analyse quotidienne de l’actualité.
La plateforme comportera aussi environ 50 chaînes FAST (free advertising streaming TV), centrées sur des thèmes variés comme par exemple les comédies romantiques et les mangas. TF1+ ambitionne de devenir “la principale plateforme de streaming gratuit en France et potentiellement en Europe”, selon Belmer.
A ce qui craindrait un simple ripolinage, TF1+ se distinguera de MyTF1, son service de catchup (les mots replay et catch-up étant désormais proscrits pour parler de TF1+), en offrant un accès plus long aux programmes (de 30 jours à 48 mois). L’autre élément clé de la stratégie de TF1+ est son accessibilité avec 95 % des téléviseurs connectés et des intégrations spécifiques (exemple : un bouton TF1+ sur les télécommandes des TV Hisense sorties en 2024). TF1+ indique collaborer avec 60% des opérateurs télécoms français (Orange et Bouygues, et une négociation en cours avec Free).
Le groupe continue d'investir dans de nouveaux créneaux, telles que la matinale « Bonjour ! » de Bruce Toussaint et la prise de la série quotidienne « Plus belle la vie » qui était auparavant diffusée sur le service public (mais produite par la filiale maison Newen).
Malgré l'importance des chaînes traditionnelles, qui ont généré 1,6 milliard d'euros de revenus publicitaires en 2022 contre 90 millions pour le numérique, TF1 reconnaît que le marché publicitaire télévisuel est stable sans perspective de croissance significative. C'est pourquoi TF1 se tourne vers le marché de la vidéo à la demande, en forte croissance, estimé à 1,9 milliard d'euros en 2023 et prévu à 4 milliards d'euros d'ici 2027.
Vu 🖼️ : Nicolas de Staël au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
⏳ Temps de lecture : 1 min 33 sec
Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris propose l’une des plus belles expositions du moment avec sa rétrospective Nicolas de Staël qui rassemble environ 200 œuvres de l’artiste, parmi lesquelles des tableaux, dessins, gravures et carnets. Provenant de collections diverses en Europe et aux États-Unis, elle inclut des chefs-d'œuvre célèbres comme "Le Parc des Princes" ainsi que des pièces rarement ou jamais montrées auparavant, notamment une cinquantaine d'œuvres exposées pour la première fois en France.
Organisée chronologiquement, l'exposition retrace l'évolution artistique de Staël depuis ses débuts figuratifs et des toiles très sombres des années 1940 jusqu'à ses derniers travaux avant sa mort prématurée en 1955 (par suicide).
Bien que son œuvre principale se concentre sur une période de douze ans, Staël a constamment innové, brisant les conventions de l’époque revenant notamment à la figuration après l’abstraction. Son approche artistique, libre de toute esthétique préconçue, reflète un besoin permanent de se renouveler.
La rétrospective suit également le parcours personnel et géographique de Staël, de ses voyages de jeunesse à ses années parisiennes (atelier près du Parc Montsouris), son installation dans le Vaucluse (Ménerbes), un voyage éblouissant en Sicile en 1953 et ses derniers mois à Antibes. La vie tumultueuse de Staël, marquée par l'exil après la Révolution russe et un suicide tragique à 41 ans, a grandement influencé la postérité de la perception de son œuvre.
L'exposition met en lumière Staël en tant que peintre en action, que ce soit dans ses réponses aux paysages ou dans l'intimité de son atelier. Staël, un enfant exilé devenu un voyageur infatigable, était captivé par les différentes lumières du monde, qu'il observait à travers la mer, un match de football ou un fruit sur une table.
Personnellement, j’ai été particulièrement séduit par la dernière période de l’artiste, son “entrée dans la lumière” pour ainsi dire, les couleurs pétaradent au contact du sud de la France et de la Sicile, c’est grandiose, vibrionnant et rattrape la noirceur des années d’abstraction, pendant lesquels ils tatonnent dans la recherche de la forme.
Tout au long de sa vie, il a expérimenté différents outils, techniques et formats, travaillant souvent sur plusieurs toiles en même temps.
Une partie importante de son processus créatif était le dessin où l’on retrouve le génie de quelques lignes tracées sur un papier pour donner à voir des paysages et des monuments antiques. L'exposition comprend également un extrait du documentaire Nicolas de Staël, la peinture à vif.
L’exposition se termine le 21 janvier 2024.