Le Wrap Up de la semaine où LFI a pris la tête de la Commission des Finances de l'Assemblée (semaine du 27 juin 2022)
5 bullet points sur les médias, la tech et les NFTs avec une pointe de culture à la fin
Au sommaire de cette semaine pleine de bruits et de fureurs :
Latinisée 💃 : la musique latina prend les charts US d’assaut
Agrégés 💔 : les modèles de Netflix et Spotify revus par Stratechery
Décryptée ➕ : Maxime Saada livre la nouvelle stratégie de Canal Plus
Tari 💦: Stevie Wonder durable et … insipide ?
Vue 🎤 : l’exposition Hip Hop 360 à la Philharmonie de Paris
Latinisée 💃 : la musique latina prend les charts US d’assaut
The Hustle qui tente de cerner les tendances business émergentes fait un papier cette semaine sur la musique latino.
Dans le sillage de Despacitos, de nouveaux artistes latinos sont en train de porter le genre musical à un peu en dessous d’1 milliard de dollars cette année aux US (886 M$), soit un petit 5% dans un marché US qui a atteint les 15 Md$ de revenus en 2021.
Bad Bunny: The Puerto Rican rapper was the most-streamed artist on Spotify in 2021 for the second year in a row
J Balvin: The Colombian singer known as the “Prince of Reggaeton” was the seventh most-streamed artist in 2021
Non seulement les collaborations avec des artistes espagnols se multiplient, mais les artistes US de langue maternelle hispanique émettent pour la première fois des projets en VO : Selena Gomez et Camila Cabello pour les plus connues. Enfin, le nombre d’artistes de langue espagnole a doublé à Coachella entre 2020 et 2022.
Une tendance démographique autant que culturelle !
7️⃣4️⃣3️⃣ En 2022, je me suis fixé l’objectif, avec le Wrap Up, de dépasser les 1 000 abonnés. En cette fin juin et grâce à votre aide, nous avons dépassé les 743 abonnés.
🤜🤛 Aidez-moi à poursuivre cette belle tendance en faisant découvrir à vos amis ou collègues, en leur partageant le lien ci-dessous pour s’abonner au Wrap Up:
Agrégés 💔 : les modèles de Netflix et Spotify revus par Stratechery
Ben Thompson écrit chaque semaine une remarquable et remarquée newsletter Stratechery sur les stratégies des médias et de la tech (belle source d’inspiration mais toujours trop longue… TL;DR), édition payante certaines éditions sont envoyées gratuitement. La dernière à avoir bénéficié de ce traitement est celle qui s’appesentit sur Netflix et Spotify et qui tente de déterminer fondamentalement les caractéristiques des deux modèles et leurs chances de l’emporter.
Le thème de cette livraison est de renverser un lieu commun des business d’abonnements : longtemps on a considéré que bien que reposant tous les deux sur un modèle d’abonnement mensuel (l’âge de l’accès), Netflix et Spotify étaient très différents :
le premier avait progressivement constitué sa propre force de production permettant d’anticiper une concurrence qui allait flairer l’opportunité d’arrêter d’approvisionner le streamer vidéo;
alors que Spotify ayant face à lui une offre oligopolistique (avec 3-4 Majors référencées) s’était résolue à un pur modèle de partage de revenus sans création d’actifs concurrents.
That, though, is precisely the problem: Spotify’s margins are completely at the mercy of the record labels, and even after the rate change, the company is not just unprofitable, its losses are growing, at least in absolute euro terms…
Netflix has licensed content, not agreed-to royalty agreements. That means that Netflix’s costs are fixed, which is exactly the sort of cost structure you want if you are a growing Internet company. Spotify, on the other hand, pays the labels according to a formula that has revenue as the variable, which means that Spotify’s marginal costs rise in-line with their top-line revenue.
Eh! bien Ben Thompson est désormais prêt à reconnaître qu’il avait tort (il n’y a que les imbéciles…) :
Il revient sur sa théorie des agrégateurs :
Fast forward to 2017, where in Defining Aggregators I sought to provide a more specific definition of an Aggregator; specifically, Aggregators had:
A direct relationship with users
Zero marginal costs for serving users
Demand-driven multi-sided networks with decreasing acquisition costs.
Ainsi la compétition qui règne entre les agrégateurs ne repose plus sur les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec les fournisseurs et l’exclusivité de leur offre, mais sur l’expérience utilisateurs qu’ils ont su créer au point de se rendre incontournables pour les clients et donc pour les fournisseurs.
The only way you can truly control demand — the tell-tale sign of an Aggregator — is to have fully commoditized and infinitely scalable supply; streaming video fails on the former, and ride-sharing on the latter.
Notice how little power Spotify and Apple Music have; neither has a sufficient user base to attract suppliers (artists) based on pure economics, in part because they don’t have access to back catalogs. Unlike newspapers, music labels built an integration that transcends distribution.
Ainsi les grandes gagnantes semblent être les maisons de disque qui ont su en agrégeant les nouveaux titres avec le catalogue existant constituer une offre incontournable pour toutes les platesformes de streaming musical.
Pour conclure, il semblerait que le nouveau paradigme pour les agrégateurs serait qu’alors la distribution du contenu était l’enjeu principal dans un monde de rareté, dans un monde d’abondance, la force d’un agrégateur repose dans sa capacité à faire découvrir.
Décryptée ➕ : Maxime Saada expose la nouvelle stratégie de Canal Plus
Maxime Saada, patron du directoire de Canal Plus, livre dans le JDD les nouveaux axes prioritaires du développement du groupe de Vivendi après une semaine mouvementée :
Mercredi, il a raflé les droits du football européen pour 2024-2027 pour 480 M€ (souvent présentés comme un must have, on se souviendra de la brillante prestation devant la mission d’information parlementaire sur les droits sportifs);
C’est la compétition qui motive le plus de spectateurs (1.6m de spectateurs par match vs. 500 K pour les matches de L1) et le plus d’abonnement. Les fans de football européen sont nos abonnés les plus fidèles. Nous sommes très heureux de pouvoir leur proposer tous les matches, puisque nous avons acquis les trois compétitions [Ligue des champions, Ligue Europa et Ligue Europa Conférence] jusqu’en 2027.
Jeudi, il discutait à l’Arcom de l’avenir de Canal+ sur la TNT qui est régulièrement remis en cause (la TNT perd chaque année des parts de marché en termes de supports de réception de la TV et les chaînes présentes doivent continuer de payer un montant important pour assurer une diffusion du signal sur l’ensemble du territoire uniformément);
Il officialisera cette semaine, une offre d’investissement dans une chaîne aux États-Unis (on parle de Starz la chaîne / service de streaming de Lionsgate); L’objectif étant d’internationaliser davantage Canal, après l’acquisition de M7 qui a permis de mettre un pied dans 7 autres pays européens, faisant passer la base d’abonnés de 11 à 24M d’abonnés en 5 ans - avec un objectif de monter à 30M en 2025.
Tari 💦: Stevie Wonder durable et … insipide ?
Les Echos Week-End se penche sur le phénomène Stevie Wonder et formule une proposition iconoclaste : malgré la longévité et le statut de génie vivant de la soul (100 millions de disques vendus, 466 M d’écoutes cumulées de Superstition sur Spotify) qui nimbe sa présence, est-ce que Stevie Wonder n’a pas mal survécu à sa légende ?
Est-ce qu’hormis les 5 albums joyaux qui l’ont fait exploser dans les années 1970, la source ne s’est pas tarie ?
Au-delà de la maestria de Wonder, il y a un élément majeur permettant de mieux le cerner : sa faculté à imposer son tempo, sa propension au retard, à la procrastination, à la lenteur. Tout cela a été savamment perfectionné par ses soins au cours des dernières décennies. »
« Si on regarde bien les périodes de création pure et les moments de génie chez un artiste, explique Sébastien Vidal (directeur de l’antenne de TSF Jazz), on constate que cela est souvent limité dans le temps. Pour les Beatles, ça s’est joué de 1961 à 1969. Chez les Stones, de 1963 à 1972, pour Marvin Gaye de 1969 à 1974. Pour Stevie, c’est pareil. Peut-être vaut-il mieux écrire les 30 plus belles chansons du monde en sept ans et vivre dessus que faire une carrière de soixante ans avec un seul single ! » Quand on regarde de près sa discographie, Wonder n’a jamais cessé de sortir des disques régulièrement, jusqu’en 1995 avec « Conversation Peace ». Puis, dix ans se sont écoulés avant le suivant, « A Time To Love » en 2005. Puis plus rien, ou si peu...
La thèse avancée est qu’après avoir tout changé et atteint ce statut iconique, l’artiste aveugle de naissance, s’est désintéressé quelque peu de la création musicale pour se concentrer sur les actions civiques et politiques auxquelles il pouvait apporter quelque chose.
Vue 🎤 : l’exposition Hip Hop 360 à la Philharmonie de Paris
C’est peu dire que l’exposition Hip Hop 360 à la Philharmonie de Paris vient finir d’institutionnaliser le mouvement rap français, qui avait déjà eu tous les honneurs des institutions politiques.
Mais en reconstituant avec méticulosité (avec quelques impasses néanmoins), l’histoire de son émergence depuis les premières influences newyorkaises jusqu’aux Victoires de la Musique, l’appropriation du street wear, l’influence du graf”, les sous-composantes du scratch, du break-dance ou le beatboxing, on prend conscience de tous ces sons qui ont bercé notre enfance (ou du moins ces dernières décennies) sont en passe de devenir de véritables classiques et artefacts culturels des années 80-90-2000.
L’exposition offre un véritable bain de jouvence pour ceux qui ont grandi avec MTV et Yo MTV Raps, et qui plus tard on découvert la scène française à travers les noms sulfureux de NTM ou d’Assassins.
Elle est également très ludique pour les enfants pour découvrir ce qu’il faut bien désormais appeler un pan de notre histoire musicale.