Le Wrap Up de la semaine où les femmes et les hommes d'Iran ont dit non (semaine du 19 septembre 2022)
5 bullet points média, tech, NFTs et avec une pointe de culture à la fin
⌛️ Temps de lecture : 6 minutes 4 secondes
Sur les mouvements de révolte des femmes (et des hommes!) en Iran, je vous recommande en toute subjectivité, la très belle chronique d’Anne Rosencher ;-) sur France Inter jeudi dernier.
Retour à nos programmes ordinaires! Au sommaire de cette semaine à rebondissements pour le PAF français :
Mouvementée 📺 : une semaine d’annonces pour le PAF
Social-médiatisé 🤳 : la nouvelle donne informationnelle des Américains
Redéfinie 💋 : la beauté (numérique) à l’aune de la Gen Z
Impénitente ⛓ : Apple étouffe ou propulse les NFTs
Achevées 🔨 : les massues comme signes de pouvoir dans l'Océanie
Mouvementée 📺 : une semaine d’annonces pour le PAF
⌛️ Temps de lecture : 2 minutes 8 secondes
Il y a des semaines où il ne se passe rien et des semaines où tout se bouscule : plusieurs événements ont déboulé cette semaine de nature à perturber le ronron du paysage médiatique français.
Tout d’abord mercredi, le groupe TF1 était débouté en référé de sa demande de reprise de ses chaînes par le groupe Canal+, ce premier interjette appel, énième avatar du débat du carriage fees, qui a du mal à s’imposer en France.
Jeudi, nous avions la chance avec mon camarade Eric Lentulo d’animer la Masterclass de Gilles Pélisson des ESCP Alumni avec l’aimable participation d’HEC et de l’ESSEC, après l’annonce la semaine passée de l’abandon de la fusion avec M6.
Il faut rendre hommage au professionnalisme de celui qui fut pendant 7 ans à la tête du groupe tricolore français. Pélisson est longuement revenu sur son parcours, sa vision du secteur, les raisons de l’échec de la fusion et du … nécessaire rebond après cet épisode.
Quelques enseignements clés de cette “masterclass” :
👉🏻 L’ère du « one to many » est révolue au profit de celle du « direct to consumer » avec une personnalisation des programmes pointues assise sur une montagne de données comportementales, ce qui donne un avantage certain aux acteurs numériques;
👉🏻 TF1 n’est plus face à un marché national mais mondial, avec de nouvelles habitudes de consommation et une économie de l’attention qui au-delà des acteurs du streaming font du gaming et des réseaux sociaux, ses nouveaux concurrents.
👉🏻 La publicité linéaire fait désormais face à la publicité digitale (Facebook, Google, Amazon). L’objectif de la fusion était d’arriver à un effet de taille pour contrer (et non rivaliser) ces acteurs. A ce titre, la future concurrence de Netflix et Disney promet de faire des dégâts (Netflix ambitionnerait un CA pub France de 600 M€ en 2024);
👉🏻 Le groupe compte accélérer le développement de son offre de streaming gratuite MyTF1 et payante MyTF1 Max, incluant ses offres d’AVOD et de FAST;
👉🏻Et aussi se développer encore davantage dans la production en capitalisant sur le succès de Newen Studios dans le secteur;
👉🏻 Important dans l’agenda des prochains mois : l’appel d’offres de l’ARCOM pour le renouvellement de l’autorisation d’émettre de TF1 sur les fréquences hertziennes;
👉🏻 Enfin, d’autres alliances pourraient être envisagées, en particulier au niveau européen.
Vendredi, nous apprenions que Rodolphe Belmer était destiné à prendre rapidement la direction générale du groupe audiovisuel, puis définitivement sa présidence en mars prochain, date à laquelle Pélisson deviendra DGA du groupe Bouygues en charge du développement et des médias.
Belmer est un fin connaisseur du PAF, des arcanes du groupe Canal+, des ambitions de Netflix (il siège depuis de nombreuses années au Board of Directors du groupe américain), avec de surcroît une participation au Conseil d’Administration de Brut dont il suit le parcours depuis le berceau. La seule critique entendue à son encontre est celle de ne pas avoir fait de deal spectaculaire, on a connu accueil plus glacial.
Enfin ce week-end, en raison d’une nécessité de figer très rapidement l’actionnariat de M6 pour le renouvellement de sa licence hertzienne au moins pour les 5 prochaines années, Bertelsmann, son actionnaire de référence, recevait les premières marques d’intérêt pour le rachat de ses 48% :
Stéphane Courbit semblait être en tête avec une offre offrant une prime de 39% sur le cours de vendredi soir, avec le soutien financier de Marc Ladreit de Lacharrière et Rodolphe Saadé (du groupe de transports maritimes CMA-CGM); N’oublions pas que Vivendi est actionnaire de Banijay (au dernier comptage à hauteur de 28%);
Xavier Niel a présenté une offre, allié en la circonstance avec le groupe italien Mediaset de Silvio Berlusconi ; Niel est sur tous les fronts car il a également annoncé la semaine passé avoir acquis 2.5% du capital de l’opérateur Vodafone et lancer au sein d’Iliad, une néo-banque ;
L’actionnaire de référence du Monde, de Marianne et d’autres titres emblématiques de la presse française, le tchèque Daniel Kretinsky a également marqué son intérêt ;
9️⃣ 8️⃣ 1️⃣ En 2022, je me suis fixé l’objectif, avec le Wrap Up, de dépasser les 1 000 abonnés. Je suis en passe de l’atteindre grâce à votre aide. La semaine dernière, j’ai dépassé les 981 abonnés.
🤜🤛 Aidez-moi pour ces dernières longueurs en faisant découvrir à vos amis ou collègues, en leur partageant le lien ci-dessous pour s’abonner au Wrap Up:
Social-médiatisée 🤳 : la nouvelle donne informationnelle des Américains
⌛️ Temps de lecture : 33 secondes
Le Pew Research Center vient de publier sa dernière étude et révèle que plus de la moitié des Américains s’informerait à titre principal sur les médias sociaux.
Sur une base régulière, nos cousins d’outre-Atlantique reçoivent leurs infos à 31% de Facebook, 25% de YouTube, 14% de Twitter, 13% d’Instagram et même 10% de TikTok. Twitter, c’est notable, a la plus importante proportion de ses utilisateurs qui l’utilisent pour s’informer : 53%.
Depuis 2020, seul TikTok a montré une croissance significative sur ce segment de contenus : parmi son milliard d’utilisateurs, The Washington Post et toute une série de professionnels de l’information de bonne facture (comme Philip DeFranco) y créent régulièrement du contenu dédié. Après l’annonce que Tiktok était utilisé comme moteur de recherche pour les plus jeunes, sa progression comme média d’informations est de nature à alimenter les craintes des Sénateurs US sur son indépendance éditoriale et l’influence sur la population d’une puissance étrangère …
Redéfinie 💋 : la beauté (numérique) à l’aune de la Gen Z
⌛️ Temps de lecture : 1 minute 19 secondes
Si vous avez du mal avec l’esthétique de la génération Z, Marie Dollé et sa newsletter In Bed With Social vont tenter de vous donner des clefs de compréhension et… d’acceptation de cette “mocheté tendance” :
You thought the world was weird these days? Well, it turns out it's taking a new, unexpected twist and becoming uglier — quite literally. Sure “ugly” is nothing new, if you look back as far as the mediaeval period, an artistic trend consisted of having baby’s faces in painting look old and scary (if you are interested in why, Vox has it covered for you here). Fast-forward to the 21st century and ugly Christmas sweaters are all rage. So, yes, ugliness has fed many trends across the centuries, be it art or fashion…
From the “Normcore” aesthetic elevating unremarkable or unfashionable casual clothes to must-haves, to the “uglycore” and “weird girl aesthetic”, where mismatched patterns, bold colours and as many textures as you can possibly have in one outfit are all the rage, “ugly” has definitely become the coveted aesthetic of the younger generation, never short on surprises.
Elle pointe à juste titre que Crocs ne s’est jamais aussi bien porté en bourse, que LVMH a racheté Birkenstock, que les Uggs ou les chaussures de running Hoka n’arrivent pas moins à se vendre, sans compter Balenciaga dont le cynisme ou le génie est sans limite commercialise un sac en forme de sac poubelle à 2 000 dollars.
Une des solutions réside sans doute dans une redéfinition des critères du Beau dont les contours sont beaucoup plus flous. En l’occurrence, à titre personnel, je pense qu’il s’agit d’un nouvel avatar de l’œuvre de Thomas Friedman, The World is Flat : la technologie aplanie toute hiérarchie et l’esthétique n’est pas épargnée, il en résulte une “compression” de ce qui était beau et le résultat répugne à notre œil habitué aux goûts des générations qui nous ont précédés.
Une pensée proche de celle de Jeff Jarvis qui proclamait au début des années 2000 qu’avec l’internet, on assistait à la massification des niches et qu’en conséquence, le terrain culturel devient celui de la rivalité entre ces niches pour la domination culturelle.
Impénitente ⛓ : Apple étouffe ou propulse les NFTs
⌛️ Temps de lecture : 54 secondes
On ne se refait jamais tout à fait : quand on a réussi à développer un écosystème de développeurs indépendants dans un environnement que vous maîtrisez totalement, vous pouvez allègrement imposer vos conditions commerciales, quitte à susciter des tensions de temps à autre (voir le combat entre Epic Games et Apple) pourvu que vous génériez les plus belles marges de l’industrie tech.
Mutatis mutandis, Apple vient d’embrasser la cause des NFTs : n’importe quel développeur peut désormais permettre, au sein de ses apps, d’acheter des NFTs, à une petite nuance d’importance : il faudra passer à la caisse avec la reproduction de son Apple tax de 30% auxdits achats.
Comparé aux 5% d’OpenSea ou de MagicEden, on se frotte les yeux. La cryptosphère réagit avec le même effarement que lorsque Méta avait annoncé prélever 47,5% du CA réalisé par les créateurs dans son environnement immersif à venir (ou peut-être déjà dans Horizon Worlds).
Cependant, quelques patrons de start-up Web3 de saluer la décision car cela va tout simplement démultiplier le nombre potentiel d’acheteurs et onboarder les plus récalcitrants.
Il est malheureux qu’au même moment un hack se soit fait connaître, un hack utilisant une vulnérabilité de la reconnaissance faciale d’AppleId pour déverrouiller l’application MetaMask Mobile protégée par cette technologie, preuve s’il en fallait que la grande promesse d’un monde “décentralisé” avait sans doute son intérêt.
Achevées 🔨 : les massues comme signes de pouvoir dans l'Océanie
⌛️ Temps de lecture : 36 secondes
Fin d’exposition au Quai Branly pour le Pouvoir et le Prestige qui faisait découvrir aux néophytes dont je suis, les charmes et la maestria des massues, attributs de pouvoir des peuples du Pacifique. L’orfèvrerie de certaines des 140 pièces exposées mêlant dents de requin, ivoire marin et crin de coco est tout simplement bluffante.
Sans nier la dimension guerrière et la part de violence, réelle ou symbolique, auxquelles renvoient les massues, l’exposition s’attache particulièrement à mettre en valeur le raffinement de leur sculpture, l’élaboration de leur ornementation et l’ensemble des caractéristiques, matérielles, spirituelles, qui en font bien plus que de simples outils. Ainsi, les massues se révéleront sculptures, œuvres d’art, objets de représentation, symboles d’autorité et de prestige, images et réceptacles du divin, objets d’échange et instruments cérémoniels. L’exposition n’omet pas, non plus, la valeur historique de pièces désignées tour à tour comme des souvenirs, des trophées, des documents ethnographiques et bien plus encore.