Le Wrap Up de la semaine où Joe Biden s'est représenté (semaine du 24 avril 2023)
5 bullet points de l'actualité tech et médias avec une pointe de culture
Au sommaire de cette semaine raccourcie par la Fête du Travail :
Plateformisées 🧩 : les chaînes de TV à la recherche de leur salut
Recentralisé 🔐 : Apple retire un Easter Egg Bitcoin sur son OS
⌛️ temps de lecture : 6 min 30 sec
Plateformisées 🧩 : les chaînes de TV à la recherche de leur salut
⌛️ temps de lecture : 1 min 55 sec
Qui veut de ma plateforme ? Les chaînes TV françaises rivalisent d’ambition et d’imagination pour trouver la parade à l’érosion de leur audience live et empruntent pour y parvenir une page du manuel des streamers vidéo : la plateformisation, un service de vidéo à la demande, avec un catalogue fourni, any time, any where, any device (le vieil ATAWAD);
Canal avait historiquement tiré le premier et en acteur établi de la TV payante, s’est mis à agréger les autres services payants premium, au point qu’elle propose même pour les plates-formes qui n’ont pas encore percé en France une véritable tête de pont (comme l’illustre la reprise des contenus de TV+ d’Apple directement sur son interface Canal) :
« Avec ce partenariat historique, nous consolidons à la fois notre métier d’agrégateur, via la distribution d’Apple TV+, et notre métier d’éditeur, avec la diffusion de séries Apple Originals », a déclaré Maxime Saada, président du directoire de Canal+. En plus de séries originales comme Téhéran, The Morning Show ou Foundation, c’est aussi l’accès à des productions françaises qui est garanti, souligne Eddy Cue, senior vice-président des services d’Apple : « Avec des séries comme Liaison et Les Gouttes de Dieu, nous confirmons notre engagement auprès de l'industrie créative française. »
De l’aveu de Maxime Saada, la cible principale est le segment jeunes (100% de la croissance de Canal ces 3 dernières années), futur réservoir à abonnés de longue durée?
Si les diffuseurs évoluent dans une logique de plateformisation, c’est aussi du fait de l’évolution technologique. Philippe Bailly rappelle ainsi que la TV connectée, qui intègre l’Avod (ad-supported video on demand) ainsi que les chaînes Fast ou YouTube, est « la partie la plus dynamique » du média : elle représente 10% du temps passé devant la TV et déjà 5% de ses recettes publicitaires en France, à 170 millions d’euros. D’ici à 2028, ce segment devrait passer au niveau mondial de 41 à 91 milliards de dollars, soit une croissance double de celle de la SVOD, selon une étude récente de Digital TV.
Les fourches caudines des FAI restant indispensables pour atteindre les publics visés, les éditeurs de chaînes gratuites ont tendance à reproduire le principal succès de feu Salto (la plateforme qui regroupait TF1, M6 et France Télévisions) à savoir de cibler les fanas de TV, prêts à payer pour accéder aux contenus avant leur diffusion en clair.
Pour cela, il faut renoncer à la confortable source de revenus des anciens accords premium (quand les chaînes gratuites ont gagné le bras de fer de faire payer leur replay) pour promouvoir les formules freemium de leurs nouvelles offres MyTF1 Max et 6 Play Max.
Bien sûr pour marquer des points, il va falloir à nos acteurs nationaux :
Premiumiser les contenus (et commencer à discuter budget d’investissements et constitution de stocks beaucoup plus conséquents pour devenir une “destination”);
Accroître encore davantage le marketing des marques programmes qui font désormais l’identité des chaînes;
Se mettre au niveau technologique des concurrents américains :
en termes d’interfaces et d’expériences utilisateur (M6 actionnaire de Bedrock en a pris le chemin);
mais aussi de personnalisation avec de la data :
tant pour les besoins publicitaires et les CPMs recherchés;
que pour les algorithmes de recommandation de programmes;
Bref, un chemin aussi difficile que passionnant.
Recentralisé 🔐 : Apple retire un Easter Egg sur Bitcoin de son OS
⌛️ temps de lecture : 1 min 13 sec
C’est la fin d’une blague de potache mais également un symbole supplémentaire de l’incapacité des big techs à bien traiter la question de la décentralisation ouverte par la blockchain.
Les faits : un blogueur s’était rendu compte début avril et révélait à tout le monde une fonction cachée, que l’on appelle un easter egg, qui renfermait dans le code source de l’OS des ordinateurs d’Apple, un PDF décrivant le fonctionnement du système bitcoin, rien de bien méchant, mais ce pdf y était logé depuis 5 ans. Trois semaines après la découverte, Apple vient donc de le supprimer.
Pour vérifier si vous l’avez encore sur un Mac :
open/System/Library/Image\Capture/Devices/VirtualScanner.app/Contents/Resources/simpledoc.pdf
Cette anecdote permet d’illustrer une position ambivalente d’Apple sur le sujet du Web3. Sans qu’on saisisse exactement sa position, la firme de Cupertino à qui l’on prête l’intention de lancer ses propres casques de réalité virtuelle, avait été relativement prompte à accepter les ventes de NFTs au sein des apps de son store … à condition d’y appliquer sa fameuse taxe Apple à 30% (décision qui vient d’être contestée cette semaine par un juge dans le cadre du rendu du procès intenté par Epic Games contre Apple). Il y a encore du chemin…
Concerté 🤖 : un meet-up réussi Comptoir AI
⌛️ temps de lecture : 1 min 17 sec
La semaine , j'ai eu la chance d'assister à un meet-up de ComptoirAI organisé par Nicolas Guyon et Brian Giannini sur les sujets de l'intelligence artificielle (IA), réunissant cinq experts sur différents aspects de l'IA générative.
5 facettes ont été données à voir la diversité du sujet de l’IA générative lors de cette soirée passionnante:
Revue de presse IA: Nicolas a ouvert la soirée en passant en revue les événements marquants du mois écoulé.
Parmi les sujets abordés, on a discuté de la pétition pour un moratoire sur l'IA, d'AutoGPT (voir ci-dessous) et du lancement de HuggingChat, une alternative open-source à ChatGPT.
Une notion particulièrement intéressante évoquée lors de cette revue était le syndrome du déni de l'IA (l’ADS), où une majorité d'Américains pensent que l'IA aura un impact majeur sur le travail salarié, mais seuls 28% pensent qu'ils seront personnellement impactés.
AutoGPT: Mister IA nous a présenté AutoGPT, un automate de prompts ChatGPT déposé sur GitHub ce mois-ci et déjà le dépôt le plus liké de l'histoire.
AutoGPT permet de corriger certaines des limitations existantes : il rédige un ou plusieurs prompts à votre place, peut aller sur internet faire des requêtes sur Google pour affiner sa compréhension de la demande, et est doté de mémoire à court et long terme.
Langchain: Alexandre Lavallée a introduit LangChain, une technologie émergente qui s'appuie sur les LLMs de ChatGPT pour en corriger certaines restrictions. Langchain peut proposer des modèles de prompts, est doté de mémoire, peut programmer un ou plusieurs agents conversationnels ou travailler à partir d'un matériel bien précis sans limitation de taille.
AskMona: Valentin Schmite a présenté AskMona, une IA qui oeuvre auprès des institutions culturelles. En combinant analyse d'images et génération de texte, AskMona aide les amateurs d'art à explorer et à comprendre les œuvres d'art, en leur permettant de dialoguer avec les œuvres ou leurs auteurs. Un exemple concret d'application est la vente de magnets augmentés dans les boutiques des musées.
Midjourney: Enfin, Brian a fait une démo en direct de Midjourney à partir de briefs du public. Le concept de Midjourney consiste à créer des œuvres d'art en utilisant l'IA pour combiner différents styles et idées.
Divergent 🔭 : Yann Le Cun sur la fin de ChatGPT
⌛️ temps de lecture : 1 min 31 sec
C’est une interview importante dans Usbek & Rica d’une des figures reconnues de l’intelligence artificielle, Yann Le Cun est aujourd’hui le patron du lab d’IA de Meta à Paris, il est considéré comme l'un des inventeurs de l'apprentissage profond et a reçu le prix Turing (pour faire vite le Nobel de l’Informatique) 2018 le avec Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton.
Elle est importante, car la profondeur de vue de Le Cun en fait un très bon pédagogue et par ailleurs, parce qu’il va “un peu” à l’encontre de tout ce qu’on peut lire sur OpenIA et ses perspectives post-humanistes. Il ne nous a pas non plus échappé qu’il est également lancé par son rôle chez Meta dans la course au leadership entre les acteurs de la tech.
L’article titre de façon un peu sensationnaliste que d’ici 5 ans, les modèles LLMs de type ChatGPT seront obsolètes. Son argument tient au fait qu’ils sont, malgré l’incroyable quantité de données dont on les a nourris, mono-sources (à savoir le texte, même dans le cas de midjourney, chaque image fait l’objet d’une transformation en texte).
Il privilégie de son côté, les modèles “apprenants” :
Les modèles comme ChatGPT sont entraînés uniquement sur du texte. Ils n’ont donc qu’une vision réduite de la réalité physique du monde.
L’idée, c’est donc de concevoir des modèles augmentés capables d’hybrider des données provenant de différents outils, comme des calculatrices ou des moteurs de recherche… Voilà un grand défi pour les prochaines années : comment faire en sorte que les machines apprennent par l’observation de vidéo, d’images en mouvement ? »
À terme, les machines dont je parle ici ressentiront des émotions. Parce qu’une grande partie des émotions humaines sont avant tout liées à la réalisation ou non d’objectifs, et donc à une forme d’anticipation.
Il pointe aussi très rapidement la nécessaire notion d’alignement : c’est à dire de prédéfinir, dans ce qui reste un champ de recherche (en même temps que le grand public qui s’approprie ces technologies), la sécurité et la fiabilité de tels modèles.
Pour lui, cette recherche doit nécessairement se faire dans un contexte ouvert :
D’ailleurs, historiquement, Facebook, puis Meta, a toujours été favorable à la recherche fondamentale ouverte. La preuve : LlaMa, notre dernier modèle en date d’IA générative, est un projet open source… Ce qui retarde aujourd’hui l’émergence de telles plateformes libres pour l’IA, c’est le statut légal des données et la question sensible du copyright.
Redux 🔄 : l’exposition Manet Degas revisitée
⌛️ temps de lecture : 43 sec
On avait visité dans des mauvaises conditions l’exposition Manet Degas au musée d’Orsay (j’en parlais ici).
On a toujours raison de visiter les expositions, on a généralement raison de les revisiter : c’est ce qu’il m’a été donné de faire ce jeudi où j’ai pu réviser mon jugement hâtif sur Degas, qui fait pâle figure à côté du brio et de la popularité immarcescible d’Edouard Manet.
Eh! bien j’ai eu tort : les toiles de Degas exposées et expliquées (pour peu qu’on puisse voir et prendre le temps de lire les cartels) sont extraordinairement intéressantes : elles montrent un peintre en recherche, sans doute moins pétri des certitudes que valide et installe le succès précoce qu’a connu Manet, et qui expérimentera de nouvelles formes d’expression, de modèles
Rien que pour cela, ami lecture, je te conseille d’aller voir cette exposition ! En particulier à l’occasion des nocturnes que propose le Musée, peut être plus propices à la réflexion et à l’appréciation qu’en courant un après midi de weekend.