Le Wrap Up de la semaine où Facebook a changé de nom (semaine du 25 octobre 2021)
5 bullet points : média, tech, NFT et une pointe de culture à la fin
Au sommaire :
Crypto-shopé 🖼 : Adobe établit un pont entre l'art digital et les NFTs
Offusqué ☁️ : Zuckerberg crée un écran de fumée avec Meta
Bizarre 🤪 : le LAT veut reprendre les codes d'internet pour aller chercher de nouveaux publics
Renversant 🧠 : c'est désormais le cerveau qui commande à la TV
Uchronique : le futur se lit-il déjà dans le présent
Crypto-shopé 🖼 : Adobe établit un pont entre l'art digital et les NFTs
Les big tech s'intéressent de plus en plus au Web3 (beaucoup de définition mais on peut s’accorder sur le fait que ce terme regroupe toutes les technologies qui évoluent autour de la crypto et de la blockchain et qui ont en commun l'avénement d'une société plus décentralisée, pas déconcentrée mais carrément décentralisée en termes de validation et de centres de décision).
Twitter joue avec le Bitcoin et veut être un certificateur d'identité pour les crypto plates-formes (son fondateur avait vendu plus de 2m$ le premier tweet de Twitter), Facebook tente d'émettre sa propre monnaie avec le DIEM et fait des annonces autour des métaverses.
Adobe, l'éditeur de logiciels de retouche d'images et de création, fait un pas dans cet univers: constatant que l'émergence de l'art digital (les NFTs représentent une valeur de marché de 16 milliards de $) repose en partie sur l'utilisation de leurs outils, elle a décidé d'intégrer dans Photoshop le minage des NFTs avec une fonction "préparer un NFT". De plus, la fonctionnalité Content Credentials permettra de relier l'identité du détenteur des licences Adobe et le NFT qui sera ainsi créé.
Ces créations seront directement stockés dans la blockchain à travers le service IPFS (interplanetary file system), qui apparaît de plus en plus comme une solution indispensable à tout projet de NFT : ainsi le token du NFT et le contenu correspondant (les métadonnées) seront tous les deux stockés dans la blockchain, ie : ne seront pas liés à la survie de la personne ou de la société qui a émis le NFT et qui aurait stocké le contenu sur ses propres serveurs.
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Offusqué ☁️ : Zuckerberg crée un écran de fumée avec Meta
Mark Zuckerberg a annoncé à l'occasion des résultats trimestriels de Facebook, un changement de son groupe pour "Meta" (sous entendre MétaVerse qui serait le nouvel horizon vers lequel tendre).
La société qui continue d'être dans l'oeil du cyclone des autorités et des tribunaux américains avait dans un premier temps pris la décision serrer les rangs et de fusionner le back-end de ses différents produits (les données étaient déjà partagés entre les entités) : Facebook avait de plus mis son nom un peu partout (sur Instagram, Whatsapp, Messenger) pour renforcer cette idée que le groupe était inextricable et pour prévenir toute velléité de séparer judiciairement des différentes entités aussi unifiés.
Côté offensif, selon un article de Kevin Roose dans le New York Times et différents commentateurs, ça n’est pas seulement pour reprendre la main que Facebook a décidé de s'inspirer de Google avec Alphabet en prenant un nom de holding censé illustrer que la part des activités incriminés n'est qu'une des branches d'activité. Certes, en prenant le nom Meta et en révélant l'entité Reality Labs comme pionnière de ce changement, Mark Zuckerberg tente ainsi de s'élever "au dessus" de la mêlée en reprenant le rôle de Chief Innovation Officer qu'il affectionne, laissant à Sheryl Sandberg le sale boulot de répondre aux attaques dont la firme fait l’objet.
Pour sa défense, cela fait longtemps que Zuckerberg s'intéresse à la VR (le rachat d'Occulus en atteste) et aux relations sociales, il était donc naturel qu'il annonce des initiatives en la matière.
Non, ce rebranding est la réponse d’après Kevin Roose, à 4 problèmes fondatementaux auquel le réseau social fait face :
Facebook vieillit et face à TikTok et Snapchat, Instagram est sur la même tendance, aussi bien que le risque ne soit pas encore avéré, c’est une façon d’adresser ce sujet ;
The bleakest version of what Facebook might become in the next few years, if current trends hold — a Boomer-dominated sludge pit filled with cute animal videos and hyperpartisan garbage — is clearly not the kind of thing the company wants as its flagship product. (Mr. Zuckerberg explicitly endorsed a youth-focused strategy this week, saying that the company’s new focus was attracting and retaining young users.)
Le Métaverse serait aussi une façon pour Facebook de s’extraire de sa dépendance à iOs et Android, en témoigne la reconnaissance par la société d’une relative baisse de performance sur iOs en raison de la mise en oeuvre des politiques d’Apple pour empêcher les cookies (App Tracking Transparency, l’ATT);
Le 3ème problème de Facebook est notamment réglementaire : en lançant le métaverse et ses relations apaisées, Facebook prêterait moins le flanc à la critique de stimuler l’affrontement politique extrémiste et la prolifération des fake news.
Enfin, Facebook espère ainsi profiter de l’opportunité de se refaire une virginité sur le plan de la réputation de son groupe;
But it would be wrong to write Facebook’s metaverse off as just a marketing gimmick, or a strategic ploy meant to give the company more leverage over its rivals. (Although it is both.) If it works, Mr. Zuckerberg’s metaverse would usher in a new era of dominance — one that would extend Facebook’s influence to entirely new types of culture, communication and commerce. And if it doesn’t, it will be remembered as a desperate, costly attempt to give a futuristic face-lift to a geriatric social network while steering attention away from pressing societal problems. Either possibility is worth taking seriously.
Regardless, this isn’t a vanity stunt for Mr. Zuckerberg. In the metaverse, he has found what may be an escape hatch — a way to eject himself from Facebook’s messy, troubled present and break ground on a new, untainted frontier. No wonder he looks so happy.
Bizarre 🤪 : le LAT veut reprendre les codes d'internet pour aller chercher de nouveaux publics
Le Los Angeles Times, à la fois pour être dans l'ère du temps et pour souligner à quel point le medium change le type même du message (coucou MacLuhan), vient d'annoncer la création d'une équipe dédiée au sein du pool "Audience", aux "memes" d'internet, ces artefacts de notre nouvelle culture digitale (nous en avions parlé ici).
L'équipe composée d'une douzaine de personnes (!) devra donc parcourir le web ou la TV et relever ce qui est drôle et vaudra le coup d'être produit de façon décalée. D'ailleurs, le profil des personnes recrutées devra refléter cette envie de parler différemment des mêmes choses.
L'interview de la nouvelle personne responsable de l'équipe, Samantha Melbourneweaver, révèle qu'elle veut diffuser la culture non seulement de l'audience au sein de la rédaction mais également celle de l'engagement (alors que la première semble acquise désormais par la plupart des grands titres de presse).
Elle illustre la profusion des nouveaux métiers de la rédaction : elle travaillera aux côtés de l'équipe newsletters, social media et search (le total du pôle audience passera ainsi à 35 personnes!).
L'activité quotidienne de la fonction n'apparaît pas clairement : elle se conçoit comme une fonction support pour tous les éditeurs, sur la meilleure façon de faire réagir l'audience, au delà des actions directes sur les lecteurs à travers des questionnaires ou des sessions de type "behind the scenes" sur Clubhouse (de façon analogue, The Economist a lancé une newsletter hebdomadaire dédiée à l'histoire de la composition de la une : ses atermoiements, ses hésitations et son choix final).
On comprend que l'équipe devra être aussi responsable d'introduire de la "bizarrerie" dans la façon de s'exprimer du vénérable quotidien (“This a great start. Now let's get weird" dans le texte de l'interview), avec cet écueil de chercher à faire du buzz ou de l'humour sur des sujets plus sérieux ou plus profonds.
En outre, on comprend qu'une des missions de cette équipe sera d'aller chercher des nouveaux publics qui ne font pas partie des lecteurs habituels ou occasionnels de la plateforme (un peu ce que fait à son façon Samuel Etienne avec sa revue de presse de France Info sur Twitch).
Renversant 🧠 : c'est désormais le cerveau qui commande à la TV
Séquence impressionnante sur les possibilités de la TV du future qui se connectera de plus en plus à notre activité cérébrale. Finis les commandes tactiles, et mêmes les tentatives actuelles de commandes vocales, passons directement aux impulsions électriques du cerveau.
On ressort du visionnage de ce reportage avec la confirmation qu'à moyen terme, l'internet devenant de plus en plus vidéo, et la TV intégrant les innovations technologiques, les deux medias devraient fusionner.
De même que Software eats the World, on a souvent l'impression que la tech mange les médias et les fait de plus en plus convergés : la Presse a la presse en ligne (l'intertextualité peut-être ? la liseuse ?), la radio a le podcast ou peut-être un jour le DAB (avec écran d'informations?), l'affichage se fait de plus en plus dynamique, il est logique que la TV se fasse de plus en plus écran interactif, voire immersive.
L'origine de media était bien le latin qui soulignait le caractère d'intermédiaire du support, mais demain immersive ou connectée à l'activité cérébrale, cette intermédiation disparaîtra et le poste ne sera plus qu'un prolongement de nous mêmes ?
Uchronique : le futur se lit-il déjà dans le présent?
Passionnant échange dans l'émission du physicien, Etienne Klein, professeur à l'Ecole Polytechnique, avec le célèbre dessinateur de bandes dessinés, Enki BILLAL sur France Culture.
Ensemble ils dissertent de la possibilité pour les hommes d'anticiper les cataclysmes en les fantasmant par la littérature et les autres formes artistiques et devant ces visions apocalyptiques, de prendre conscience des dangers et de changer leur avenir. #TLDL