Le Wrap Up de la semaine où Elon Musk est devenu le premier actionnaire de Twitter (semaine du 4 avril 2022)
5 bullet points : tech, médias, NFTs avec une pointe de culture à la fin (enfin faut voir)
Temps de lecture ⏳ : 5 minutes 16 secondes
Au sommaire :
Pubés 📺 : Youtube se lance dans les programmes de flux et des séries financés par la pub
Préservés 🏰 : Epic Games s’allie à Légo dans les “métaverses pour enfants”
Médiatisés 📻 : une radio NFT c’est quoi?
Attablés 🍛 : des restaurants Bored Apes voient le jour
Moliérisé 👩🏻🦱 : quand il n’y en a plus, il y en a encore
Pubés 📺 : Youtube se lance dans les programmes de flux et des séries financés par la pub
⏳ : 1 minute 14 secondes
Follow the eyeballs ! C’était l’injonction faite à tout analyste marketing qui voyait les usages changer sans que les investissements publicitaires ne semblent suivre. Pour deviner les grands changements dans les équilibres publicitaires d’hier et d’aujourd’hui, il suffisait et suffit de regarder comment le public se comporte.
Selon la société Digital TV Research, les dépenses AVOD pour les épisodes télévisés et les films augmenteront de 144 % entre 2020 et 2026, pour atteindre 66 milliards de dollars. De son côté, Omdia estime que 60% des revenus vidéos globaux de la vidéo proviennent de la publicité, soit 144 milliards de dollars dans le monde. Les acteurs du marché l'ont bien compris, tel Disney+ qui, d’ici à la fin 2022, devrait lancer aux États-Unis une offre avec publicité.
Youtube TV était resté relativement en retrait face aux annonces toujours grandissantes d’investissements des grands acteurs du streaming dans les programmes (Netflix en tête, Amazon pas très loin derrière et croquant au passage le Studio MGM, Disney+ mettant en branle sa puissance de feu, Apple faisant du cherry picking pour son public pointu).
Youtube qui était déjà la source de toutes les vidéos qui n’émanaient pas d’un studio, a annoncé se mettre en léger retrait de la course au contenu hyper-premium et hyper-coûteux pour se concentrer sur son facteur différenciant : sa puissance !
Youtube proposait déjà des films gratuits avec pub parmi un catalogue de 1 500 films de studios comme Disney, Warner Bros, Paramount ou encore Lionsgate. Le groupe a fait le constat que les contenus de séries étaient autrement plus consommés sur un écran de TV : désormais près de 4 000 épisodes (“Hell’s Kitchen,” “Andromeda,” “Heartland” mais aussi de vieux rossignols comme 21st Jump Street) seront disponibles aux Etats-Unis sur Youtube TV avec un reach mensuel de 135 millions de personnes sur TV connectée.
Cette puissance sera monétisée, on l’aura compris, par la publicité. Cette approche risque de prendre à revers les acteurs du streaming qui cherchaient toujours à donner plus de contenus, notamment dans l’idée d’accroître le prix de l’abonnement.
Préservés 🏰 : Epic Games s’allie à Lego (et Sony) dans les “métaverses pour enfants”
⏳ : 1 minute 23 secondes
Longtemps, les grandes entreprises de la tech n’ont pas bien su comment traiter cette population compliquée des enfants. Longtemps le sujet n’a pas été trop gênant, les populations qui s’équipaient (smartphones et PC de la famille) étaient généralement plus âgées et les problèmes liés à l’enfance étaient surtout traités à travers le prisme de la protection contre la pornographie.
Mais avec le temps, la démocratisation des technologies et le renouvellement des terminaux au sein de la famille qui ont fait que les plus jeunes ont pu être équipés à un coût quasi nul, sans compter les techniques de neurosciences mises en œuvre par les géants de la tech pour capter l’attention des parents, les enfants ont été de plus en plus exposés aux nouvelles technologies et à leur caractère addictif.
On se souvient qu’Instagram avait voulu développer une version enfant de sa plateforme et qu’on déplore de plus en plus de troubles de l’attention, du sommeil (pour peindre un tableau noir) chez les populations les plus jeunes du fait de l’accoutumance aux écrans (et à leurs contenus). Des Etats ont même commencé à sérieusement légiférer pour encadrer les pratiques des plus jeunes (voir sur ce chapitre la Chine).
Epic Games dont les jeux très cartoonesques font le bonheur des jeunes vieux a annoncé dans ce contexte, s’être allié à une marque de confiance de la jeunesse, Lego pour créer un environnement sain. La firme n’en est pas à son coup d’essai, puisque dès 2020, en acquérant la société SuperAwesome, elle faisait déjà montre de vouloir protéger la jeunesse.
Avec ce partenariat (qui s’est vu compléter par l’annonce d’un investissement de 2 milliards de dollars, complété à égalité par Sony et la maison mère de Lego, valorisant Epic à quelque 32 Md$) , il n’est pas exclu qu’Epic Games ait souhaité utiliser son plus puissant moteur de réalité virtuelle (Unreal) au service d’une version de Fortnite s’appuyant sur les célèbres briques danoises et tournée vers un public plus jeune, venant se frotter davantage aux grands jeux de construction que sont Roblox et Minecraft (Microsoft).
D’autres observateurs plus enflammés ont appelé de leurs voeux la constitution d’un métaverse réunissant trois acteurs avec des marques à faire valoir.
Scénarisé 📻 : un podcast NFT c’est quoi ?
Temps de lecture ⏳ : 59 secondes
Le grand groupe de radio américain iHeartMedia (ex Clear Channel Communications) vient d’investir dans l’achat d’une douzaine de NFTS afin de lui permettre de créer des podcasts reposant sur ces licences.
Les NFTs deviennent plus que des images mais de vraies marques, au point d’être adaptées en contenu média.
Ces derniers jours, les acquisitions ont porté sur des collections connues comme les CryptoPunks, les Mutant Apes Yacht Club ou encore sur la collection World of Women, mais aussi des moins connues comme Qurkies, CrypToadz, ou bien Loot for Adventurers.
L’idée est de combiner ces “propriétés intellectuelles” Blue Chip avec des contenus et d’être regroupées dans un univers iHeartRadio appelé "Non-Fun Squad" :
"We can world-build for them, creating narratives around them, and bring those stories to life via podcasts."
Conal Byrne, CEO of iHeartMedia's Digital Audio Group.
Ces podcasts seront enregistrés par des voix qui incarneront les personnages de ces collections (on attend la personnalité qui incarnera la très conceptuelle collection Loot).
iHeartMedia serait même prêt à aller plus loin au point de vouloir tester 5 à 10 de ses podcasts existants sous la forme de DAOs (Decentralized Autonomous Organizations), une sorte de communauté autogérée par la crypto, où on imagine que la communauté pourrait influer sur la ligne éditoriale.
Affamé 🍛: maintenant un restaurant Bored Apes
Temps de lecture ⏳ : 44 secondes
Dans la famille Bored Apes Yacht Club, je demande le restaurant : "Bored & Hungry"
Le titulaire d'un fameux NFT de singe, Andy Nguyen, entrepreneur de la food toujours à l’affût d’un bon coup, a décidé de profiter de la licence d'exploitation concédée avec l'achat du précieux token (Ape n°6184 acheté pour 90 ETH soit près de 260 K€) pour ouvrir une chaîne de restaurants à son effigie (ils possèdent également deux singes mutants qu'ils comptent bien utiliser pour l'identité du restaurant).
Un distributeur automatique BTC/USD sera posté devant le restaurant et il sera évidemment possible de payer en cryptomonnaie à l'intérieur.
L'entrepreneur restaurateur fait partie des enthousiastes du Web3 et a annoncé vouloir se lancer dans cette aventure pour montrer qu'il s'agit en définitive bien plus que d'un JPEG, une propriété intellectuelle susceptible de créer une vraie marque.
“It’s a pop culture phenomenon right now, the Bored Ape Yacht Club. You could be anywhere in the world, and people will still know what a Bored Ape is,” he said. “I think this is a brand that has proven in a short amount of time that they will be a strong brand for a very long time.”
Moliérisé 👩🏻🦱 : quand il n’y en a plus, il y en a encore
Temps de lecture ⏳ : 39 secondes
Au retour de ses noces à Saint-Jean-de-Luz en 1660, l’une des premières choses que demande Louis XIV est de voir les pièces de Molière. « Sous la protection » du frère du roi, futur duc d’Orléans, la troupe de Molière fait salle comble avec Les Précieuses ridicules et Sganarelle ou le Cocu imaginaire. C’est la rencontre entre Molière, alors âgé d’une quarantaine d’années, qui divertit tout en dénonçant les vices de son époque, et le roi de 22 ans, mélomane, danseur, qui aime et instrumentalise les arts à la gloire de son règne.
Molière met en garde contre la crédulité et l’obéissance aveugle de son époque, vis-à-vis des prêtres, médecins, professions en robe noire, parlant un « jargon » latin. Les dialogues sur la manipulation des esprits de Tartuffe sont extraordinaires et résonnent encore fortement aujourd’hui.
Le documentaire entremêle extraits de ses pièces et éclairages de metteurs en scène ou d’historiens, et montre un génie du théâtre, libre et stratège, dévoué à Louis XIV.