Le Wrap Up de la semaine où Bob Iger a rempilé à la tête de Disney (semaine du 21 novembre 2022)
5 bullet points sur les médias, la tech, les NFTs avec une pointe de culture à la fin
⏳ Temps de lecture : 7 min 49 sec
Au sommaire de la semaine :
Swooshé 🚀 : le fabricant Nike passe à la vitesse supérieure sur le Web3
Jauni 📒 : Meta veut positionner WhatsApp Business sur les PMEs
Débundlé 📰 : un nouvel essai de pay per view dans l’info avec Post
Révélée 🔐 : la lettre mystérieuse de Charles Quint enfin déchiffrée
Rappelé 📞 : Bob Iger à nouveau à la tête de Disney
⏳ Temps de lecture : 1 min 8 sec
Alors qu’il jurait ses grands Dieux qu’il avait été tourné la page, l’ancien dirigeant de Disney pendant une quinzaine d’années, Bob Iger, a été rappelé par les actionnaires à la tête du grand groupe de médias américain après une chute de l’action de près de 40% depuis l’intronisation de son successeur Bob Chapek.
Cependant l’article de The Economist qui relate ce retour, pense que le problème ne tient pas du leadership du groupe : Bob Iger a eu l’élégance de laisser la place à un Chapek qui a dû gérer la crise du covid impactant lourdement les cinémas et les parcs d’attraction, un Disney+ encore sur la rampe de lancement et quelques poussées de puritanisme US qui par sa réaction tardive ont mécontenté à la fois les Républicains et les Démocrates. Le problème tiendrait davantage du streaming qui n’en a pas fini de perturber l’usine à rêves hollywoodiennes.
Shoveling premium content onto Disney+, the streaming service launched in 2019 under Mr Iger has paid off but has proved far less profitable than the theatrical and cable-tv industries that historically sustained Disney, along with its parks.
Consumers can easily switch once they have binged on the latest series, meaning that ever more content is needed to keep them on board. Meanwhile, new rivals like Apple and Amazon have bottomless budgets. Last quarter Disney’s streaming division lost $1.5bn, twice as much as a year earlier. (The company expects its streaming business to break even in 2024).
It is sure to be among the survivors of the streaming wars. For others things look dicier. Warner Bros Discovery told investors earlier this month that streaming was proving tougher than expected. nbcUniversal, part of Comcast, and Paramount Global are unlikely to survive in their current form.
La rumeur court même qu’Apple pourrait faire une offre de fusion avec Disney tant l’industrie a du mal à trouver son équilibre.
Swooshé 🚀 : le fabricant Nike passe à la vitesse supérieure sur le Web3
⏳ Temps de lecture : 1 min 15 sec
C’est Vogue Business (oui il existe une telle publication) qui annonce le lancement d’une division spéciale, Dot Swoosh, pour s’occuper des projets Web3 de la marque de sneakers à la virgule.
Un an après le rachat du studio design français, RTFKT, pour près, selon la rumeur, de 600 M$, c’est une nouvelle preuve de l’attachement de l’équipementier US pour suivre les tendances émergentes et miser lourdement dessus.
Cette division viserait plutôt à évangéliser le grand public que de s’adresser aux crypto-adopteurs des premières vagues du Web3, en proposant les objets digitaux de la marque au swoosh: une première collection est attendue pour janvier.
“When you think of a virtual product like a virtual shoe, it’s not just a shoe; it’s the product and the experience, service or utility baked in.” For example, a virtual shoe might enable holders to preorder a physical counterpart, enable token-gated chats with shoe designers or unlock wearability in a favourite game. “We don't see that virtual product as the end of the purchase journey; it is the beginning of the journey,” Faris says.
La mécanique n’est pas encore tout à fait déterminée, mais il semblerait que Nike souhaite permettre à des créateurs de personnaliser des créations digitales pour leur permettre de les vendre à leur tour et de leur permettre d’être partie prenante de la promotion de ces créations. (Les athlètes et célébrités sous contrat Nike devraient être les premiers à tester ce modèle).
Grâce à l’acquisition de RTFKT, Nike a déjà pris une longueur d’avance, les revenus Web3 de Nike se montent à 185 M$ (et près de 1,3 Md$ en cumul de ventes secondaires), loin devant son concurrent sportif direct Adidas avec 11 M$ ou Puma avec 1,3M$ (il faut dire que la moitié de ces revenus provient de la collection à succès CloneX en collaboration avec l’artiste Takeshi Murakami.
Afin de parvenir à démocratiser ses aventures dans le Web3, ce lancement se doublera d’une tournée dans 6 grandes villes américaines pour distribuer des codes d’accès, avec une attention particulièrement portée aux populations sous-représentées dans le Web3.
Jauni 📒 : Meta veut positionner WhatsApp Business sur les PMEs
⏳ Temps de lecture : 1 min 7 sec
Quartz revient sur l’intention de Meta de convertir WhatsApp Business en véritables pages jaunes modernes. D’après l’article, depuis des années, des centaines de milliers de petites entreprises en Inde et en Afrique avaient monté des groupes Whatsapp pour y diffuser leurs offres et prendre les commandes. Il y a quatre ans Whatsapp lançait une version pour les entreprises, version dont l’adoption a explosé pendant la pandémie.
De nouvelles fonctionnalités sont en train d’être ajoutées au service de base, en particulier la “découvrabilité” des magasins pour que la seule façon de trouver de nouveaux commerces ne soit pas celle de la recherche par les utilisateurs via la barre de recherche.
Des premiers tests avaient été conduits au Brésil en 2021 pour certains commerces, tests qui sont désormais étendus à l’ensemble du pays.
Les utilisateurs pourront désormais :
👀 look for enterprises either by name or by sifting through categories such as travel or banking
❓ ask product questions
📙 browse the catalog of goods and services
🛒 add items to a cart
💸 and make a payment (this last step has launched in India, but is in testing mode in Brazil)
Le Brésil semble un terreau particulièrement favorable : le pays compte 157 M d’utilisateurs du service, et le SMS y coûte encore une fortune (55x plus qu’aux Etats-Unis), sans compter que les trois quarts des utilisateurs ont déjà interagi avec une marque là-bas. La loi brésilienne contraint Whatsapp d’établir un partenariat avec un partenaire local pour lancer le service de paiement (y compris de crédit à la consommation dit l’article).
Cette nouvelle initiative semble aller dans le sens promu depuis quelques années par Zuckerberg de faire une super-app du parc existant des apps Meta. Instagram avec la promotion d’onglets ecommerce attachés au profil des marques va déjà vers le sens de cette commercialisation accrue des plateformes.
Débundlé 📰 : un nouvel essai de pay per view dans l’info avec Post
⏳ Temps de lecture : 2 min 13 sec
Ca n’est pas le premier essai et certainement pas le dernier, dans la tentative de faire consommer du média d’information à l’article lu (par commodité on parlera de Pay Per View comme dans le câble des années 1990).
La société néerlandaise Blendle, fondée en 2013 et rachetée depuis par l’agrégateur de titres de presse, Cafeyn, avait, elle aussi, tenté de constituer un portefeuille électronique préchargé et qui devait diminuer les frictions pour acheter des articles à l’unité de plusieurs grands titres de presse. Las, la tentative a fait long feu.
La plupart des médias qui ont tenté de mettre des systèmes similaires en place, en sont revenus et ont basculé pour la plupart sur un modèle de paywall, où l’on donne à goûter et à frustrer afin de déclencher des abonnements.
Pourtant, le choix de tel ou tel système de monétisation n’est pas sans conséquence sur la nature même du contenu :
la course à la vue des premiers temps a contribué à augmenter significativement le nombre d’articles produits quotidiennement et mécaniquement à en diminuer la qualité, produisant une forme d’uniformisation de l’information (A quoi bon s’abonner à des publications qui avaient le même contenu qu’une dépêche librement accessible sur Google News?);
Dans un second temps, la génération de trafic via les réseaux sociaux a contribué à polariser davantage les titres et à rendre quelque peu putassières des publications autrefois respectables;
Enfin, puisque le modèle privilégie désormais l’abonnement à tout crin, on finit par écrire pour une population abonnée nécessairement moins nombreuse. Le mauvais côté de trouver à nouveau des lignes éditoriales propres, malheureusement peut-être trop concentrées à conforter un public qui sait ce qu’il vient chercher dans son titre de presse favori.
D’où ce nouveau projet Post à visée démocratique, qui veut pacifier le débat public (et sans s’en cacher, offrir une alternative à Twitter) :
Post will be a civil place to debate ideas; learn from experts, journalists, individual creators, and each other; converse freely; and have some fun. Many of today's ad-based platforms rely on capturing attention at any cost — sowing chaos in our society, amplifying the extremes, and muting the moderates. Post is designed to give the voice back to the sidelined majority; there are enough platforms for extremists, and we cannot relinquish the town square to them.
Ainsi Post veut promouvoir le fait de pousser les contenus de titres de presse qui gagneront ainsi des moyens de leur subsistance et réciproquement, par l’accès à l’unité modique pour l’utilisateur pourra l’exposer aux opinions et articles sur un même sujet, peut être différents de ceux que les bulles de filtre ont eu l’habitude de proposer.
Une des idées défendues auprès des éditeurs est de faire progresser le prix marginal d’un article consommé par l’utilisateur, afin de faire passer l’idée que plus on consomme un titre de presse, plus on aurait peut-être intérêt à s’y abonner.
Derrière ce projet (encore en liste d’attente), on trouve Noam Bardin, l’ancien CEO de Waze. L’opportunité provoquée par les remous à la tête de Twitter a accéléré le lancement prochain du projet mais dont les fonctionnalités basiques ne sont pas encore prêtes (la possibilité d’avoir un feed personnalisé, ou même un moteur de recherche décent ne sont pas présents).
Par pure coïncidence, on est tombé sur ce post de Seth Godin sur le même thème qui soulignait deux conditions pour le succès d’un tel système :
There needs to be a tech system that can effectively move tiny amounts of money around.
As a reader/consumer of content, you need to constantly make decisions about what’s “worth it.”
Révélée 🔐 : la lettre mystérieuse de Charles Quint enfin déchiffrée
⏳ Temps de lecture : 1 min 22 sec
C’est un mystère historique qui vient d’être enfin éclairci 476 ans après son écriture : une lettre de Charles Quint, l’Empereur du Saint Empire Romain Germanique, roi des Espagnes, duc de Bourgogne, roi de Naples et de Sicile, duc de Milan, en partie cryptée, vient d’être déchiffrée par les efforts conjugués de la Bibliothèque Stanislas où la lettre était archivée et d’un laboratoire de cryptographie.
Le contexte : Au milieu des guerres d'Italie, opposant Charles V à François Ier, et de la guerre de la ligue de Smalkalde, l’opposant aux princes luthériens de l’Empire, et quelques semaines après la mort de Henri VIII d'Angleterre, il était primordial de pouvoir communiquer sans que les opposants puissent décrypter les messages.
Le craquage : si l’on en croit le dossier de presse de cette découverte, les chercheurs ont pensé que la transcription des symboles cryptiques et l’analyse de “force brute” de l’ordinateur suffiraient à déchiffrer le texte, l’affaire fut plus complexe qu’attendue.
Il a donc fallu donc ruser à l’aide d’un algorithme cherchant à reconnaître des mots du moyen français. Enfin, l’équipe s’est attachée à identifier des symboles candidats pour être des symboles nuls : il s’agit d’une méthode très en vogue en Europe au XVIe siècle qui consiste à parsemer le document de caractères n’ayant aucun sens. Cependant, cette méthode ne permet pas d’élucider totalement le mystère.
L’équipe a donc alors cherché à contextualiser davantage le contenu de cette lettre et fut rejointe par Camille Desenclos, spécialiste des relations entre la France et le Saint Empire et qui mène un projet sur l’essor de la cryptographie dans la France des XVIe et XVIIe siècles (on peut difficilement trouver plus apte à la situation).
La recherche a par la suite porté du côté du destinataire de la lettre : Jean de Saint-Mauris, ambassadeur du Saint-Empire auprès du roi de France. Des dépêches adressées à cet ambassadeur pour les années 1544 à 1546, conservées à la Bibliothèque municipale de Besançon, qui sont pour certaines chiffrées, et comportant le déchiffrement, c’est-à-dire la « traduction » des symboles cryptographiques en clair, établi dans la marge.
Eurêka : ce rapprochement a grandement accéléré les travaux des chercheurs, qui parvinrent enfin à reconstituer l’essentiel du système de chiffrement en quelques jours.