Le Wrap Up de la semaine où Atlanticus Music a été lancé (semaine du 14 février 2022)
5 bullet points médias, tech, NFT et avec une pointe de culture
Oui avouons-le sans ambages à travers le titre de cette autopromotion éhontée : nous sommes extrêmement fiers avec l’équipe d’Atlanticus Music, de lancer notre plateforme de vente de NFTs musicaux avec deux premiers “drops” de musique : le DJ français COSTA et aussi et surtout l’artiste germano-chilien Ricardo Villalobos. Tout n’a pas été parfait ni facile, mais le site est là : en avant la musique!
Retour à nos actualités hebdomadaires, avec au sommaire cette semaine :
Perdu 🕵️♂️ : Google Search est-il en train de mourir ?
Jauni 📸 : l’Instagram que nous aimions est mort ?
Envoûtées 🎶 : les majors de la musique annoncent des projets NFTs
Rabaissé 💰 : le FT lancera un mini-pay
Opulante 👩🎨 : la collection Morozov à la Fondation Louis Vuitton
Perdu 🕵️♂️ : Google Search est-il mort ?
Dans le blog DKB (consacré à la recherche et à la lecture sur internet), on apprend que Reddit est le seul réseau social, avec les jeunots Instagram et Tiktok, qui n’ait pas atteint son pic en termes de fréquentation. L’auteur y souligne que cette popularité croissante est le résultat d’un autre phénomène inaperçu : le déclin de Google Search sous l’effet de l’abondance de résultats optimisés pour le moteur et qui par la même occasion font perdre considérablement de leur pertinence les résultats dudit moteur.
Ce constat semble assez répandu, et vous-mêmes il est probable que vous vous auto-censuriez et que vous refusiez d’admettre que vous n’allez pas cliquer sur l’un des liens optimisés proposés pour la 1ère page.
Pourquoi une telle débandade ?
la publicité : bien que les deux fondateurs de Google aient dès le début de l’aventure, mis en garde sur le biais inévitable que représentait la publicité dans l’appauvrissement des résultats de recherche, force est de constater qu’on peut aujourd’hui tomber sur des premières pages de Google entièrement constituées de liens sponsorisés;
le SEO : avec des professionnels qui n’ont d’autres buts dans la vie que de truquer les résultats de Google, comment s’étonner que l’algorithme le plus puissant du monde ne soit pas également dans un jeu du chat et de la souris avec les référenceurs disséminés sur toute la planète ;
l’intelligence artificielle : de façon croissante, Google vous sert un résultat qui ne correspond pas à votre demande, mais ce que Google croit que vous cherchez en vrai. On peut déjà le voir sur la disparition progressive des réponses aux requêtes “exactes” entre guillemets.
Pour contrecarrer cette baisse de qualité, l’auteur de l’article croit savoir que Reddit fait figure (pour un public US tout du moins) d’alternative de plus en plus pertinente (on y accède en faisant une requête dans Google mais en restreignant le champ de recherche au site Reddit).
En reprenant la théorie du Dead Internet (internet serait essentiellement composé de bots qui écrivent des articles pour que d’autres bots les lisent et qu’une troisième catégorie de bots y clique sur les liens sponsorisés, dans un monde qui frise l’autosuffisance), l’auteur défend qu’aujourd’hui seul Reddit offre un hébergement à des contenus formulés par des humains répondant à des préoccupations visiblement d’autres humains.
(En post-scriptum de l’article, l’auteur fait remonter les objections à son article, en particulier sur l’affirmation exagérée que Google serait en train de mourir: évidemment Google ne s’est jamais aussi bien porté, mais il souligne que nous sommesune population grandissante à penser que les résultats de Google sont de moins en moins pertinents pour nos besoisn).
En 2022, je me suis fixé l’objectif, avec le Wrap Up, de dépasser les 1 000 abonnés (actuellement 610 au compteur, merci aux 9 abonnés depuis la semaine dernière). Pour m’aider 😍, vous pouvez le faire découvrir à vos proches, amis ou collègues en cliquant sur le bouton ci-dessous:
Jauni 📸 : l’Instagram que nous aimions est-il mort?
Au-délà du caractère macabre que prend ce Wrap Up et de la tendance de toute génération à déceler dans les objets qui ont marqué leur époque, une inéluctable décrépitude (Ô Tempora, Ô Mores), il y a long qu’Instagram nous semble avoir basculé du côté obscur de la vidéo, s’éloignant de la sympathique application de partage de photos entre amis… (voir les annonces stratégiques de juin 2021 : “we are no longer a photo app”).
Le journaliste tech Lance Ulanoff sur son Medium va un cran plus loin : non seulement la plateforme n’est plus photo-first, mais elle n’est presque plus photo, tant le moindre Reel dans votre feed, vous entraîne vers une ribambelle de Reels aux allures tiktokiennes.
The pattern here is obvious. Facebook’s ability to compete with surging competition for eyeballs has largely boiled down to replicating whatever its competition is building. Owing to Instagram’s already large audience and effective and often inscrutable algorithms, it’s been winning this way, too.
C’est une source de réflexions perpétuelles que de voir la plupart des plates-formes évoluer : d’une application viralisée par un usage entre amis à une plateforme donnant par la suite la primauté aux créateurs de contenus, à enfin la progressive dépossession dont ces derniers souffrent lorsque les propriétaires de la plateforme décident à des fins business de les spolier de l’accès à leur propre communauté et à minorer la portée de leurs publications, comme une rupture du contrat initial.
Envoûtées 🎶 : les majors de la musique font un pas vers les NFTs
Les grandes maisons de disque ont commencé à bouger en direction du Web3. Jusqu’à présent un peu attentistes à ce sujet (potentiellement perturbant pour elles), elles ont récemment rattrapé le temps perdu, avec quelques annonces timides ou tonitruantes c’est selon :
WMG fait acte de présence dans le métavers The SandBox en proposant un espace dédié de concerts et un parc d’attractions avec vraisemblablement la participation d’artistes Warner, sans que cela soit à ce stade précisé;
Universal Music forme un groupe KingShip, avec quatre exemplaires de la célèbre collection de Bored Apes Yacht Club; par ailleurs, elle s’allie avec Curio pour “faire des NFTs” sans autre précision;
Warner Music veut avancer sur le merchandising digital avec Blockparty: l’idée ici est de s’appuyer sur les catalogues existants des artistes Warner pour imaginer des déclinaisons visuelles des artistes.
Le sujet des NFTs est potentiellement synonyme de redistribution de valeurs pour le secteur de la musique : il y a un consensus grandissant autour de l’idée que la musique en tant qu'industrie n’a jamais atteint de tels volumes d’affaires (hors Covid et son impact sur l’industrie du live) et pourtant les revendications des artistes n’ont jamais été aussi audibles pour une meilleure redistribution de ses revenus (voir le mouvement FairShare autour de Spotify).
D’un côté, certains s’attaquent au streaming musical en tant que tel, comme Audius qui se propose de décentraliser la consommation de musique, jusqu’au niveau même de l’infrastructure de diffusion de la musique, ce qui rappelle les belles heures de Kazaa et la mise en place d’une infrastructure inspirée du peer-to-peer. Les “diffuseurs” de musique seraient également rémunérés par le token de la plateforme, l’$AUDIO.
D’un autre côté, ceux qui pensent que les maisons de disque sont les grands responsables de cet état de fait et qu’elles captent une trop grosse partie de la valeur corrélativement à leur contribution artistique. Ce débat est sans fin, mais des artistes comme @3Blau montent des projets comme Royal où la promesse fondamentale est de miser et de partager les revenus futurs d’un artiste sur les titres que les acheteurs du NFT auront préalablement soutenu. Avec deux écueils, celui d’une requalification rapide en appel public à l’épargne et l’autre qui serait de financiariser la relation entre l’artiste et ses fans (une version Wall Street meets MyMajorCompany).
Une voie intermédiaire reste à trouver à travers les NFTs pour trouver un use case parfait entre le créateur et sa fanbase. 😏
Rabaissé 💰 : le FT lancera un mini-pay
Alors que le Financial Times semble en bonne voie d’atteindre le million d’abonnés dans les prochains jours (sur une base abonnés de 1,17m), des réflexions intéressantes se font entendre.
Les abonnements premium c’est une chose entendue, n’ont de cesse d’augmenter la valeur perçue de leur abonnement (pour notamment augmenter les prix et la base abonnés) :
par du marketing du contenu évidemment (songez Netflix);
par l’adjonction de produits moins intéressants et plus niches que le coeur de l’abonnement principal (voir Disney avec les bouquets ESPN et Star, ou encore Netflix et le gaming);
par l’appauvrissement de leur offre gratuite (fenêtre de preview pour les contenus gratuits financés par la pub pour les groupes TV);
par l’ajout de fonctionnalités premium (watch together, startover, infos contextuelles);
Peu cependant s’apprête à faire comme le FT qui réfléchit à créer ce qu’on appelle des “mini-pay”, à savoir une version réduite de l’offre basique pour soit en faire un produit de conquête qui permet d’emmener progressivement vers l’offre de base), soit à aller chercher des publics financièrement incapables d’aller payer l’offre basique, toute accessible qu’elle puisse paraître.
Le FT lancera donc en mars une nouvelle app appelée "The FT Edit app" qui donnera accès chaque semaine à 8 articles chaque matin de la semaine à un prix de vente bien inférieur, encore à définir (l’abonnement à l’édition digitale coûte facialement 39€ par mois).
Opulante 👩🎨 : la collection Morozov à la Fondation Louis Vuitton
Par chance, nous avons eu l’occasion de voir la fameuse collection Morozov à la Fondation Louis Vuitton (prolongée jusqu’au 4 avril) et l’on prend plein la figure !
Louis Valtat (re)découvert (?) lors de la visite de la Collection Signac
Pour commencer, avouons que la Fondation Louis Vuitton toute empreinte du gigantisme qui sied à son bâtiment et aux puissants moyens de son initiateur, ne fait pas dans la demi-mesure : à collection monumentale, abondance de visiteurs. On circule mal dans les pourtant grandes salles de la Fondation tant elles sont remplies de monde qui se presse pour profiter de la plantureuse collection. On fera tout de même près de 20 minutes de queue au milieu du parcours pour pouvoir voir un Van Gogh (certes extraordinaire : la Ronde des Prisonniers);
Albert Marquet, Vue de la Baie de Naples
(Petit conseil pratique du Wrap Up : faites votre entrée pour la Fondation LV par le Jardin d’Acclimatation - auquel votre billet donne droit- , vous éviterez ainsi les 20-25 minutes de queue du côté de l’avenue du Mathama Gandhi.)
Une marine de Van Gogh
Et cependant, quelle somptuosité fatigante : de même qu’on ne visite pas le Louvre en un jour, on ne visite sans doute pas la Collection Morozov en une fois! Il y a plus de 200 tableaux exposés, la plupart de Grands Maîtres du XIXème siècle. Les Marquet, Renoir, Sisley, pas mal de Bonnard (y compris certains qui sont aboutis), Cézanne (dont un remarquable tableau inédit, sur fond noir), les Van Gogh, les Monet y foisonnent et côtoient des peintres russes aux noms inconnus du public français (à part notre nouvel ami : Ilya Répine) mais à la contribution artistique intéressante.
Au global, c’est sans doute trop, mais assurément un passage obligé pour les amateurs de peinture.