Le Wrap Up de la semaine où Annie Ernaux a obtenu le Prix Nobel de Littérature (semaine du 3 octobre 2022)
5 bullet points sur les médias, la tech, les NFTs et une petite recommandation culturelle
⏳: temps de lecture 5 minutes 17 secondes
Curieux rapport de la France avec la littérature, alors que notre nation a été par la voie de ses écrivains, la nation la plus primée depuis la création de cette distinction (13 fois nous apprend Wikipedia), la lecture de livres ne cesse de décroître (au profit en particulier des écrans sur lesquels vous lisez cette newsletter 🤷♀️). Félicitons tout de même de cette nouvelle distinction, la littérature est vraiment constitutive de notre identité.
Au sommaire du Wrap Up de cette semaine :
Whatever-se 🥽 : la révolution Métavers par Philippe Rodriguez
Pusillanime 😱 : la cause inavouée derrière la réunionnite
Aspergé 🤓 : dans le téléphone d’Elon Musk
Remisé 🧹 : Bertelsmann renonce à vendre M6
Vue 🖼 : l’âge d’or de la Renaissance Portugaise au Louvre
Whatever-se 🥽 : la “Révolution Métavers” par Philippe Rodriguez
⏳: 48 secondes
Philippe Rodriguez est banquier d’affaires chez Avolta Partners. Comme tout bon banquier, il essaie de sentir, de humer les tendances, de repérer les pépites de demain. C’est aussi quelqu’un qui aime partager ses découvertes.
Naturellement, il s’était intéressé aux frémissements de la blockchain et avait commis un premier ouvrage remarqué sur le sujet La Révolution Blockchain en 2018. Après les 4 dernières années passées sur ces sujets et l’une des plus importantes “sorties” françaises à son actif (la revente du studio design RTFKT à Nike pour plusieurs centaines de millions), il remet le couvert avec La Révolution Métavers où il tente à travers des interviews avec un certain nombre d’acteurs de premier plan (Sébastien Borget de The Sandbox, Pierre Person le “crypto” député, Agoria dans la musique ou encore Hubert de Vauplane, avocat d’affaires spécialiste de questions Web3) d’en cerner les contours de cette (r)évolution.
Au cours d’une intervention donnée cette semaine à mon copain PPC (le Digital pour Tous), Philippe fait entendre une parole profondément optimiste sur ces “espaces virtuels, immersifs, persistants et construits par la communauté” selon sa propre définition. Autrement dit, il croit résolument à cette nouvelle frontière de l’internet et dont les interactions avec le monde réel vont encore davantage remettre en cause l’organisation de notre société. Point de vue notable, il insiste beaucoup sur la santé mentale dont il faudra se préoccuper pour tout ceux qui vont s’immerger dans cette virtualité.
Pusillanime 😱 : la cause inavouée derrière la réunionnite
⏳: 23 secondes
Philippe Silberzahn commet sur son blog un petit billet sur ce marronnier de la presse économique sur le coût de la réunionite (100 M€ nous dit les Echos). Prenant son courage à deux mains, il livre son ressenti, plus que sa démonstration, que la cause profonde de tout cela est la peur de l’échec qu’ont les managers, entretenant la croyance qu’ils doivent être omniscients et que la réunion est un moyen pratique de diluer sa responsabilité et avec elle, la crainte d’être pointé du doigt en cas d’échec.
Aspergé 🤓 : dans le téléphone d’Elon Musk
⏳: 1 minute 29 secondes
La transparence de la justice américaine amène de temps de temps de curieuses découvertes. The Atlantic narre dans un article ironique, comment la querelle juridique entre l’emblématique entrepreneur américain de Tesla et SpaceX et les avocats des actionnaires de Twitter a conduit à la publication par les juges de près de 150 pages de contenus des SMS reçus et envoyés par Elon Musk lors de son offre de rachat de Twitter.
Courtisans en tout genre et copains milliardaires se pressent dans le répertoire du Sud Africain, volontiers polémiste, à la gâchette aussi facile qu’un Donald Trump. Ce qui frappe et que révèle l’article, c’est l’absence de plans concernant cette opération lancée à la cantonade de rachat de twitter et que les tribunaux américains vont contraindre le milliardaire d’honorer, quitte à y gager une part importante de ses actions Tesla.
In no time, the texts were the central subject of discussion among tech workers and watchers. “The dominant reaction from all the threads I’m in is Everyone looks fucking dumb,” one former social-media executive, whom I’ve granted anonymity because they have relationships with many of the people in Musk’s texts, told me. “It’s been a general Is this really how business is done? There’s no real strategic thought or analysis. It’s just emotional and done without any real care for consequence.”
Ne nous en cachons pas, l’article de The Atlantic trempe aussi dans le voyeurisme à la Voici pour midinettes du CAC40, notamment lorsque l’investisseur Jason Calacanis propose une stratégie “géniale” à Musk et se répand sur les plateaux TV. Elon ne répond pas et par la suite, il écrira de façon cinglante :
Morgan Stanley and Jared think you are using our friendship not in a good way. This makes it seem like I’m desperate. Please stop.
Plus loin, on est fasciné par la facilité et la profondeur des poches des investisseurs de la Silicon Valley :
Andreessen, who in a tossed-off Twitter DM offered Musk “$250M with no additional work required.” “Thanks!” Musk responded.
In a separate exchange, Musk asks Ellison if he’d like to invest in taking Twitter private. “Yes, of course,” Ellison replies. “A billion … or whatever you recommend.” Easy enough.
Le journaliste avec un certain dépit souligne qu’habituellement ces dirigeants sont entourés d’une mystique qui laisse penser qu’ils voient des choses que le commun des mortels ignore, ces propos confidentiels ne viennent pas étayer cette impression.
Remisé 🧹 : Bertelsmann renonce à vendre M6
⏳: 1 minute 8 secondes
Fin du feuilleton. Le groupe familial Bertelsmann, maison mère de RTL Group, a décidé de conserver sa participation majoritaire de 48,3% dans le Groupe M6, malgré plusieurs offres «financièrement attractives».
Les trois candidatures connues étaient celles de :
Stéphane COURBIT soutenu par Fimalac (Marc Ladreit de Lacharrière, également propriétaire de Webedia) et Rodolphe Saadé;
Xavier NIEL, actionnaire dans le secteur de Mediawan, allié pour la circonstance au groupe Mediaset de Silvio Berlusconi ;
Daniel KRETINSKY, investisseur gourmand de médias français, à l’agenda pour l’instant encore assez trouble.
La candidature de Kretinsky était la moins-disante, pour la raison notamment qu’elle était la plus “simple” d’un point de vue concurrence : elle ne nécessitait pas d’enquête approfondie du Conseil de la Concurrence, les journaux n’étant pas considérés comme sur le même marché que M6.
Xavier Niel cherchant visiblement une nouvelle raison de venir embêter Martin Bouygues sur l’une de ses activités, après avoir créé la bronca il y a près de 15 ans dans les télécoms. Pour la circonstance, on comprend que ce sont des raisons plus politiques qui n’ont pas donné la faveur à ce projet. Quand Silvio Berlusconi avait entrepris le pari fou de La Cinq dans les années 80, il n’avait pas encore le parcours politique italien qu’on lui connaît, et l’alliance victorieuse aux récentes élections législatives italiennes de Fratelli d’Italia emmené par Giorgia Meloni n’a pas contribué à rassurer;
Quand à l’offre de FL Entertainment, c’est peut-être le timing très court et la situation financière tendue de celui qui a tout de même racheté avec Banijay (avec le soutien de Vivendi), EndemolShine une entreprise deux fois plus grosse que lui il y a trois ans. Le sujet politique a pu aussi joué ? les accointances de Courbit avec la droite (il fut un temps un des soutiens de Nicolas Sarkozy) n’ont peut-être pas joué en sa faveur (difficile de vendre la première radio de France sans que le pouvoir exécutif n’y regarde à deux fois).
Vue 🖼 : l’âge d’or de la Renaissance Portugaise au Louvre
⏳: 1 minute 4 secondes
Il va falloir que j’en perde l’habitude : encore une exposition qui ferme ses portes et dont je vous faire la recension juste avant sa désinstallation. Ce weekend était la dernière de l’Âge d’or de la Renaissance Portugaise, je le confesse une période souvent malconnue, mais dont on peut aisément percevoir qu’enrichi par son esprit d’aventures et de conquêtes, le Portugal est également sur le plan des idées et des arts, voulu pesé de tout son poids sur son époque.
Quand s'ouvre le règne de Manuel I en 1495, le Portugal, tourné vers l'océan, jouit d'un emplacement stratégique, à la croisée des axes commerciaux vers la façade atlantique et vers la Méditerranée.
Le perfectionnement de la cartographie et des techniques de navigation permet aussi d'ouvrir des voies maritimes vers l'Inde et le Brésil, bouleversant à jamais les frontières du monde connu. Carrefour du monde, Lisbonne est une capitale où affluent les richesses mais aussi des idées nouvelles et des hommes venus de loin.
Avec le mécénat des rois Manuel Ier (1495-1521) et Jean III (1521-1557), qui s'entourent de peintres de cour, l'école de peinture portugaise connaît un âge d'or. Après les premiers feux de Nuno Gonçalves (actif I450-avant 1492), les ateliers lisboètes, unis autour de Jorge Afonso (actif 1504-1540), se nourrissent des inventions des peintres flamands et adoptent une nouvelle manière de peindre. Ils conjuguent des paysages bleutés empreints de poésie, des tissus et des accessoires précieux, des détails d'architecture raffinés à un sens aigu et parfois cocasse de l'observation et de la narration.
C'est à cette brillante synthèse entre les inventions de la Renaissance flamande et italienne et la culture portugaise que cette exposition rend hommage.