Le Wrap Up de la semaine où Alexei Navalny est mort (semaine du 12 février 2024)
👑 : Larramendy prend la direction de M6 - 🦾 : Bernard Arnault au capital de Webedia - 🛍️ : Walmart plus loin dans la pub - 🔙 : la presse US revient du tout abo - 🌊 : le Musée de la Marine
Au sommaire :
⌛️ Temps de lecture : 7 min 33 sec
Intronisé 👑 : David Larramendy le successeur de Tavernost
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David Larramendy se prépare à succéder à l’historique patron de M6, Nicolas de Tavernost. Là où Tavernost était un pilier de l'audiovisuel français, connu pour son tempérament vif et ses connexions étendues dans le secteur, l’article des Echos souligne que Larramendy apporte une touche différente avec sa formation d’ingénieur et une vision plus internationale. Malgré ces différences, les deux hommes partagent un très fort engagement dans le travail et un attachement à leurs racines régionales (basque pour le nouveau dirigeant), soulignant une continuité dans l'engagement envers M6.
Larramendy n’est pas un nouveau venu dans le groupe M6. Son parcours l'a vu passer de la start-up MisterGoodDeal, rachetée par M6, à une carrière de banquier d'affaires chez Goldman Sachs, avant de revenir à Paris pour intégrer M6. Il a gravi rapidement les échelons au sein du groupe, passant par diverses fonctions avant de devenir directeur de la régie en 2014 et d'intégrer le directoire en 2015. Sa capacité à s'entourer de talents et à diriger des segments clés du groupe plaide pour sa polyvalence et son ambition.
Polyglotte, marié à une Brésilienne, Larramendy incarne un profil international. Ses collègues le décrivent comme brillant, doté d'une grande finesse et capable de manier l'humour et l'esprit en réunion. Son arrivée à la tête de M6, cependant, impose de nouveaux défis. Il doit non seulement maintenir la forte rentabilité du groupe mais aussi revitaliser des audiences en baisse tant à la télévision (la pda de M6 sur les 4 ans et plus pour 2023 est tombée à 8,3%, sa plus faible performance ) qu’à la radio. Il sera chargé de déployer le plan streaming présenté par la Stratégie du groupe, au sujet de M6+ nouvelle version de 6play.
Contenu 🦾 : Bernard Arnault rentre au capital de Webedia
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Cette semaine a vu aussi un autre actif média subtilement modifier sa composition du capital avec l’entrée d’un holding de la famille Arnault, au capital du groupe Webedia dont Marc Ladreit de Lacharrière est l’actionnaire principal. À travers Agache, le holding familial, et sa branche de capital-risque Aglaé Ventures, connue pour ses incursions dans l'univers de la tech, les Arnault s'apprêtent à acquérir une part minoritaire de 5 à 10% dans Webedia, le fleuron du digital de Fimalac. Cette alliance, aux allures de partenariat entre titans de l'industrie et de la finance, marque une étape significative dans le paysage médiatique numérique français.
Webedia, un acteur devenu incontournable dans le domaine des médias en ligne depuis sa fondation en 2007 et son acquisition par Fimalac en 2013, abrite sous son aile une mosaïque de sites internet phares comme Allociné, Purepeople, ou encore jeuxvideo.com. L'entreprise s'est distinguée par une diversification réussie, allant de la production audiovisuelle (le rachat de la société de production d’Emmanuel Chain, d’Elephant), particulièrement dans l'e-sport avec la chaîne ES1, à un réseau influent d'influenceurs (Mixicom), cristallisant ainsi son empreinte dans l'industrie du divertissement numérique.
Cette manœuvre d'investissement de la famille Arnault dans Webedia n'est sans doute pas qu'un simple achat d'actions ou une diversification des investissements.
Ce choix stratégique s'inscrit dans un contexte où Fimalac avait tenté, sans succès, de céder Webedia en 2022, ambitionnant une valorisation à hauteur d'un milliard d'euros, proposition qui avait alors été jugée trop élevée par d'éventuels acquéreurs, y compris Vivendi nous dit Le Figaro.
Ce partenariat témoigne de la volonté de Fimalac de continuer à nourrir et développer Webedia, tout en ouvrant la porte à des synergies potentielles avec les vastes ressources de la famille Arnault (cette participation minoritaire ne fait pas miroiter des synergies avec les titres média du groupe regroupés dans le groupe Parisien Les Échos, engagé justement dans la transition digitale de ses activités).
En somme, cette opération pourrait non seulement redessiner les contours du paysage médiatique digital français mais également signaler une nouvelle ère de collaborations stratégiques.
Télévisé 🛍️ : Walmart toujours plus loin dans l’audiovisuel
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Walmart, le géant du commerce de détail, est en pourparlers pour acquérir le fabricant de smart TVs Vizio pour plus de 2 milliards de dollars, une démarche stratégique visant à accroître son activité publicitaire. Vizio, connue aux US pour ses télévisions à prix abordable et ses initiatives récentes dans la publicité et le streaming, représente une opportunité pour Walmart de diversifier ses sources de revenus. Cette acquisition potentielle s'inscrit dans un contexte où la publicité dans le commerce de détail gagne en importance, avec une prévision de 60 milliards de dollars de revenus publicitaires aux États-Unis pour cette année, marquant une augmentation de près de 30% par rapport à l'année précédente!
Walmart, déjà le plus grand distributeur des US, cherche à renforcer ses marges bénéficiaires, traditionnellement faibles dans le secteur de la distribution, via son unité publicitaire Walmart Connect.
L'achat de Vizio offrirait à Walmart un accès direct à un système d'exploitation de télévision et à une précieuse quantité de données sur l'audience et la visualisation des publicités, permettant des campagnes publicitaires plus ciblées et mesurables. Ceci est particulièrement pertinent dans le sillage des changements de politique de cookies d'Apple en 2021, qui ont compliqué la capacité des plateformes technologiques à démontrer l'efficacité des publicités digitales.
Vizio, fondée en 2002 par William Wang, a tenté de diversifier son modèle d'affaires en se tournant vers la publicité et le streaming, en plus de sa gamme principale de télévisions à bas prix. L'entreprise a été introduite en bourse en 2021, mais ses actions ont fluctué sous le prix d’introduction. L'intérêt de Walmart pour Vizio est surtout motivé par les avantages publicitaires et les données que l'acquisition pourrait lui apporter, plutôt que par une simple extension de sa gamme de produits électroniques à bas prix.
En somme, cette acquisition potentielle reflète la convergence croissante entre le commerce de détail et la technologie, illustrant comment les données et la publicité deviennent centrales pour les stratégies de croissance des entreprises traditionnelles. Walmart espère ainsi rivaliser plus efficacement avec d'autres géants du secteur comme Amazon, qui tire également parti de ses activités publicitaires et de cloud computing pour soutenir ses services de livraison rapide et autres offres aux consommateurs.
Certains analystes avaient plutôt prédit que Walmart s’intéresserait à Roku. Acheter Vizio ne donne pas seulement à Walmart une part de marché substantielle dans les télévisions connectées, mais cela leur donne également leur propre système d'exploitation pour télévision pour la première fois, leur permettant de tirer parti des données propriétaires sur les acheteurs pour construire une solide activité publicitaire sur télévision connectée (CTV). Une tactique qu’avait aussi esquissé Ikea avec une marque blanche de tv connecté.
Cela semble être une mauvaise nouvelle pour Roku étant donné leur forte présence dans les magasins Walmart (via ONN, la marque blanche de Walmart, ainsi que les télévisions TCL et Hisense dans lesquelles Roku est bien distribuée). Cela explique probablement également pourquoi Roku a non seulement décidé de construire ses propres télévisions, mais aussi pourquoi ils ont choisi Best Buy comme partenaire de lancement l'année dernière. Enfin, cela semble être négatif pour Google TV et la joint-venture Xumo de Comcast/Charter, car Walmart a encore plus de raisons de privilégier ses propres appareils car cela stimule la publicité CTV et l'activité plus large de Walmart Connect.
Reversible 🔙 : la presse américaine abandonne le tout abonnement
⌛️ : 1 min 2 sec
Le monde des médias numériques aux Etats-Unis connaît une évolution notable dans sa stratégie de monétisation, marquant un pas de recul par rapport à l'enthousiasme initial pour les modèles d'abonnement stricts. Autrefois perçus comme une alternative plus fiable aux revenus publicitaires fluctuants, de nombreux éditeurs de news révisent aujourd'hui leur approche en faveur de paywalls plus souples, de programmes d’abonnés à géométrie variable et d'une augmentation sensible du volume publicitaire.
La raison principale de ce revirement stratégique réside dans les investissements initiaux conséquents exigés par les contenus premium nécessaires pour attirer les abonnés. Cette stratégie à long terme ne s'avère pas viable pour tous, surtout dans ce contexte de moindre progression des revenus publicitaires. En outre, la mise en place de paywalls sans une stratégie adéquate d’acquisition peut s'avérer contre-productive, en diminuant les revenus publicitaires sans pour autant réussir à capturer une base d'abonnés significative.
Parmi les exemples de cette tendance, Substack explore de nouvelles avenues en aidant les créateurs à trouver des annonceurs. TechCrunch met fin à son service d'abonnement premium TC+, réorientant sa couverture vers la cible b2b des investisseurs, tandis que The Washington Post envisage des abonnements à tarification dynamique pour contrer une perte significative d'abonnés. D'autres, comme Time et Quartz, abandonnent totalement les paywalls au profit de modèles basés sur la publicité ou l’adhesion.
Cette transition n'est pas limitée aux petits éditeurs; même les grandes sociétés de divertissement comme Netflix et Disney+ introduisent des plans d'abonnement soutenus par la publicité pour augmenter leur rentabilité face à une croissance lente de leur base d'abonnés.
Le succès rencontré par certains médias dans l'augmentation de leurs bases d'abonnés, notamment le New York Times et Bloomberg, reste une exception plutôt qu'une règle. La majorité des entreprises de presse peine à maintenir la dynamique d'abonnement suscitée à l'ère Trump, soulignant une fatigue générale des consommateurs vis-à-vis des abonnements dans le sillage de la pandémie.
Face à ce ralentissement des abonnements, de nouveaux modèles émergent, cherchant à générer des revenus directs des lecteurs tout en maintenant l'accessibilité des contenus au grand public. Le Guardian, par exemple, a enregistré des revenus record grâce aux donations de ses lecteurs aux États-Unis.
Cette évolution suggère une réflexion plus profonde sur l'équilibre entre la monétisation directe et l'accessibilité du contenu, soulignant la nécessité d'une approche plus nuancée et adaptable dans le paysage médiatique actuel.
Visitée 🌊 : le Musée de la Marine à Trocadero
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Semaine de vacances scolaires oblige, c’est en famille que nous avons visité le Musée de la Marine, dont la réouverture en 2023 est le fruit de 6 ans de travaux.
Niché dans le palais de Chaillot, face à la tour Eiffel, ce musée se propose d’approfondir l'histoire maritime de la France depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.
Le Musée de la Marine qui correspond aux canons des nouveaux musées, à la muséographie très léchée, avec des matériaux nobles, et des pièces thématisées et des animations multimédia en tout genre (la salle du naufrage est impressionnante), est donc plus qu'un simple espace d'exposition de maquettes de navires : à travers les collections riches et variées du Musée, il raconte les grandes explorations, les batailles navales épiques, la vie quotidienne des marins et l'évolution de la construction navale.
Tout y est bien, peut-être que le sujet est traité un peu trop techniquement pour intéresser de jeunes enfants, peu d’informations leur sont vraiment destinées. L’exposition du moment consacrée à la représentation de la mer au cinéma permet d’ajouter une touche ludique (un peu longue) au parcours.