Le Wrap Up de la semaine où le Black Friday a été repoussé (semaine du 16 novembre 2020)
5 bullet points de la semaine écoulée : média, tech et société
Au sommaire cette semaine :
Enchantée 🎶 : l’importance de la musique en Europe
Survécu 💪 : le survivalisme au temps du Covid
Hébergé 🏨 : ce que l’IPO d’AirBnb nous révèle
Onboardé 📲 : Zoom à l’ère des Super Apps ?
Burlesque 🎭 : la série The Goes Wrong Show
Enchantée 🎶 : l’importance de la musique en Europe
L’IFPI (le lobby des industries musicales) a commandité une étude au département d’économie d’Oxford au sujet de la place de la musique en Europe (27 pays en Europe + UK). La conclusion est loin d’être anodine :
La musique génère 2 millions d’emplois ;
Elle contribue à hauteur de 82 Md€ de valeur ajoutée au PIB européen ;
Concernant les exportations, ce sont près de 10 Md€ de biens et services en dehors de la zone de ces 28 pays.
However, the sector’s economic footprint extends far beyond its own activities. The purchases it makes from firms throughout Europe support lengthy pan-European supply chains. These multiplier effects reach every part of the European economy, further sustaining employment, delivering tax revenues, and generating GDP throughout the continent. (Pete Collings, Director of Economic Impact Consulting, Europe & Middle East, at Oxford Economics)
Par constraste, on appréciera (ou non) ce que Jacques Attali écrivait dans Bruits, sur la musique et l’économie en 1977 :
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Survécu 💪 : le survivalisme au temps du Covid
Nous avons encore en tête le premier confinement et ses files d’attente pour acheter des biens de première nécessité, les images de pugilat dans les grandes surfaces pour un rouleau de papier toilette ou un sachet de farine.
Il y eut en mars dernier, ces quelques jours de flottement où certains se demandèrent, en leur for intérieur, ce qui se passerait si … si le pire arrivait avec son cortège de pénuries et d’hystéries collectives.
De l’autre côté de l’Atlantique, certains collapsologues pensent que ce jour apocalyptique est proche et s’y préparent sérieusement. Avec le COVID et la façon dont il a déstructuré en quelques jours nos habitudes, la tendance au survivalisme a pris un véritable essor : les vêtements survivalistes ou les abris pour contrer les prochains événements cataclismiques s’arrachent. Au-délà du cliché complotiste, l’article de National Geographic montre qu’également des citoyens “normaux” se penchent de plus en plus sérieusement sur leur propre plan d’urgence familial. Ils ont même pris le nom de “Preppers” (“Prepare for the worst, Enjoy the Present”).
On y apprend également que les minorités sont sur-représentées dans ces groupes de préparation : la faute aux catastrophes naturelles qui ont donné le sentiment aux Etats-Unis que les Blancs s’en tiraient en général mieux que les minorités (par ex: l’ouragan Katerina ou les incendies en Californie).
“The pandemic has laid bare the inequality between classes,” says Bounds. “The thing about prepping is when we take a look at class division, it’s just a magnification of what already exists. The very wealthy are already opting out of many parts of the collective experience—this is just another case.”
A backwoods camp in West Virginia is fully stocked with foods and weapons for “when shit hits the fan”—a common term among preppers. A group of American survivalists built this remote community, called the Fortitude Ranch, to prepare for the collapse of civilization. They’re now looking to expand to more than a dozen locations in the U.S. with the motto: "Prepare for the Worst... Enjoy the Present!"
L’article donne la parole à ce qui pense qu’à une vaste échelle, nous ne sommes pas prêts à faire face. Ce phénomène gagne de plus en plus d’adeptes. Les vêtements survivalistes ou les packs d’accessoires sont désormais référencés dans les grands magasins. La startup Preppi avec ses packs colorés et bien achalandés, recommandée par Oprah Winfrey, vous donnerait presque envie de vous préparer pour la fin des temps. En France, nos magasins Nature & Découverte même s’ils ne sont pas exactement sur ce positionnement, ont tout de même, sous un angle très randonnée, créé des pages Survie.
Kim Kardashian avait recommandé en février dernier à ses 192M (oui cent quatre vingt douze millions!) de followers sur Instagram, de s’équiper en Judy. Cette société développe aussi bien une gamme de produits, qu’un service interactif (par SMS) de coaching survivaliste.
Si vous cherchez à vous équiper pour la fin du monde, la newsletter de veille de la Poste, Yellow Vision, a relevé de son côté, quelques trouvailles intéressantes :
La société bretonne Lyophilise conçoit des rations de survie avec des durées de péremption allant jusqu’à 25 ans ;
Le réchaud CampStove 2 de BioLite permet à la fois de cuisiner, recharger son téléphone et éclairer en utilisant comme seul combustible, le bois collecté dans la nature;
Pour les plus sensibles aux radiations, la société française Rium a développé un capteur de radioactivité qui tient dans la main et qu’on peut transporter n’importe où (400€).
L’article de National Geographic se conclut sur la prédiction d’une absence de retour à la normale. Nous avons gardé les abris atomiques (enfin pas vraiment), nous nous sommes faits aux portails électroniques dans tous les lieux publics (oui ok), National Geographic pense que nous continuerons de nous préparer pour le pire.
Hébergé 🏨 : ce que l’IPO d’AirBnb nous révèle
Les documents d’introduction en bourse au delà de tous les aspects réglementaires sont généralement des mines d’information sur la façon dont le management d’une société se présente au marché et aux investisseurs, et dévoile une partie de sa stratégie.
L’iconique AirBnB a déposé la semaine passée son document S1 et il regorge de chiffres intéressants :
90% du trafic généré sur le site est fait en direct ou à travers des canaux non rémunérés (sur les 9 premiers mois de 2020). Cela signifie en clair que AirBnB a craqué le modèle d’internet en développant sa marque, sa clientèle et plus globalement son activité sans devoir repasser à chaque client par le péage des Google et Facebook (ou même Apple), qui régulent habituellement le trafic sur internet et s’assurent des revenus colossaux; C’est un des rares exemples de réussite sur internet en ce sens-là (Amazon bien que le trafic direct et la marque soient extrêmement puissants, est également sans doute le 1er client de Google);
4 millions d’hôtes (86% en dehors des US) / 7 millions de logements référencés sur la plateforme; Une offre plus riche que n’importe quelle marque de travel dans le monde ou dans l’histoire;
La plateforme reste sans surprise un usage des jeunes générations : plus de 50% des guests ont entre 18 et 34 ans.
La société a compté 54 millions de personnes ayant réservé au moins une nuitée en 2019, au total elles ont consommé 327 millions de nuités payantes.
AirBnB a évidemment été extrêmement durement affectée par le Covid mais a visiblement pris le taureau par les cornes en réduisant drastiquement ses coûts sur les 9 premiers mois de l’année de 800 M€ (sur un total de 3,8 Md$ pour les 9 premiers mois de 2019). Près de 25% des employés ont dû faire un check-out.
La société est largement endettée : elle avait déjà près d’1 Md$ de dettes avant la crise, ce chiffre a doublé avec un prêt assez peu avantageux pendant la crise.
Les réservations sur AirBnB sont faites pour moitié à l’étranger (49% des nuités de 2019, alors que c’est près de 20% dans l’hôtellerie en général). Gageons que la tendance au staycation et aux vacances de proximité modifiera cela dans les prochains mois.
la société n’a JAMAIS été profitable en dépit d’un chiffre d’affaires 2019 de 4,8 Md€.
Des possibilités de diversification nombreuses : AirBnb Experiences était déjà une très belle première approche d’upsell ; D’autres pistes ont été évoqués ces derniers mois dans la presse :
Une compagnie aérienne ? (fort de la part du trafic international dans sa base de clientèle) ;
Couvrir le reste des locations touristiques en s’intégrant davantage avec leur filiale HotelsTonight (rachetée en mars 2019);
Une offre de livraison de repas sur les lieux de location ? (le manger et le couvert sont naturellement complémentaires)
Une offre de coworking (cool place to work) ?
Pour mémoire, le dernier round de valorisation était de 18 Milliards de $, réponse dans les prochains jours pour savoir si le marché fera le tri entre les risques et les opportunités de ce business.
Onboardé 📲 : Zoom à l’ère des Super Apps?
Le principe de la Super App est relativement simple : il s’agit de faire levier du parc utilisateurs et de l’usage récurrent du service, afin de rajouter de nouvelles couches de services développés par des tiers, accroissant ainsi l’usage et l’attrait de l’app initiale. L’archétype de ces super Apps est le chinois WeChat (Tencent).
Récemment, Snap a tenté avec un certain succès cette aventure. Dans le domaine B2B, Salesforce était l’exemple historique d’une plateformisation réussie, rendant les clients plus captifs par l’enrichissement des fonctionnalités de base (via l’AppExchange).
Zoom fort de sa position prise dans la conférence vidéo, pendant les différents confinements, tente à son tour de doubler la mise avec les “ZApps” pour Zoom Apps.
As Zoom usage exploded during the pandemic and it became a key tool for business and education, the idea of using a video conferencing platform to build a set of adjacent tooling makes a lot of sense.
Pour permettre à des développeurs tiers d’innover et prospérer sur Zoom, certaines conditions doivent être remplies : il faut leur ouvrir des accès à Zoom (via des API) et permettre même de construire des apps tierces avec des briques empruntés à Zoom (via les SDK).
Au-delà des outils et de la marketplace, il importe également de clarifier sa propre roadmap d’innovation, pour éviter d’écraser toutes les startups qui pourraient commencer à construire sur la plateforme et s’assurer qu’elles puissent prospérer.
Pour l’heure, l’article de TechCrunch Extra distingue trois Zapps intéressantes qui ont déjà fait leur preuve :
Mmhmm permet de mixer présentateur et support de présentation de façon originale cassant un peu le côté monolithique de Zoom.
Docket HQ tente de faire main basse sur nos suites bureautiques. Le principe est assez simple : comme une part croissante de notre travail quotidien est devenu de gérer nos Zooms, Docket HQ se propose de gérer tout ce qui est connexe : gestion de l’agenda (envoyé enfin avant la réunion !), to-do list (compte rendu en ligne après la réunion avec les points pour action). On apprend incidemment que les utilisateurs de Zoom ont en moyenne 62 meetings Zoom par mois!
Class for Zoom comme le nom le promet, veut adapter Zoom aux usages de la salle de classe : mettre le professeur sur une estrade (présence permanente à l’écran) planning de cours, quizzes pendant le cours, participations des élèves (par ordre de levée de la main), feedback direct pour le prof pendant le cours pour repérer les décrocheurs, gestion des devoirs, virtualisation recréant l’ambiance de salle de classe; etc…
L’app propose aussi d’aller un cran plus dans l’intrusion : monitoring de la participation des élèves (vert / orange / rouge) pour interroger ceux installés virtuellement près du radiateur ou accès au traitement de texte des élèves consultable en direct par le prof …
L’enjeu pour les startups qui voudraient se lancer sur Zoom est énorme si la plateforme continue son développement, mais peut également se révéler dangereux si jamais elles deviennent mono-dépendantes de Zoom :
The key is to build enough of your own technology and competitive moat on top of a platform such that the platform can’t or won’t try to replicate it.”
Burlesque 🎭 : la série The Goes Wrong Show
TLDR : too long did not read.
C’est sous cet acronyme barbare qu’on retweete ou recommande des articles qui ont l’air intéressant sans que l’on ait eu le temps de lire le contenu. Twitter pour endiguer le phénomène de propagation de “contenus nons lus”, a d’ailleurs pendant la campagne US mis en place un mécanisme de double vérification pour les utilisateurs s’apprêtant à diffuser un message.
Longue intro pour indiquer qu’il faut d’urgence créer la catégorie : #YSWIH (You Should Watch, I Haven’t) pour toutes ces séries ou films qu’on recommande parce que quelqu’un nous l’a recommandé, sans l’avoir vu entre temps.
Cette semaine, je vous recommande, sans l’avoir vu donc, la série The Goes Wrong Show, une série de 6 épisodes de la BBC disponible légalement sur Amazon Prime Vidéo (mais que vous pourriez décider pour une fois exceptionnellement de pirater pour ne pas soutenir qui vous savez).
Inspirée de la pièce à succès "The Play that goes wrong" (dont la pièce de boulevard En France les “Faux British” était tirée), la série met en scène les déboires d'une troupe de théâtre amateur essayant de monter une pièce policière, laquelle échoue lamentablement. Chaque épisode s'appuie sur un genre théâtral différent.
Notre Friend of Wrap Up nous donne l’indication suivante :
Si tu es amateur d’humour British délirant tu vas aimer. Le pitch : une troupe de théâtre qui joue une pièce de boulevard en public avec captation et retransmission live à la télé, et qui foire à peu près tout mais est obligée de continuer. Ça dure 30 minutes par pièce. Strongly recommended!
Le Wrap Up de cette semaine, c’était comment ?
😕 🙂 🤩
sans plus pas mal chouette
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