Le Wrap Up de la semaine du coup d'Etat avorté en Russie (semaine du 19 juin 2023)
🔃: HBO vend à Netflix - 📺 : YT lance sa 1ère chaîne shopping - 🍔 : les big tech sont les big ads - 💦 : les dompteurs d’IA utilisent… l'IA - 🖼️ : Les Arts à Paris à L'Orangerie
“Vox Populi, Vox Dei” : le petit sondage que j’ai lancé vendredi et que je relancerais probablement les prochaines semaines, a distingué les sujets suivants pour cette semaine, bonne lecture ! (pour les déçus du sondage, retrouvez les liens en bas de la newsletter)
Au sommaire :
⌛️ temps de lecture : 6 min 9 sec
Revendeur 🔃: HBO prêt à vendre du contenu à Netflix
⌛️ : 1 min 29 sec
Par un retournement ironique de l’histoire, Warner Bros. Discovery pourrait prochainement proposer certains des titres du prestigieux catalogue de contenus d’HBO à son rival Netflix. Alors qu'HBO et Netflix se battent en permanence pour l'exclusivité de leurs programmes originaux, cette évolution marque une rupture avec les habitudes et expose de manière piquante les retournements de situation liés à des évolutions technologiques : HBO qui a servi de matrice à tous les services de TV premium dans les années 80 (en premier lieu Canal+) s’est longtemps targué de produire le meilleur contenu pour la TV.
La première série qui pourrait être ainsi concernée est la comédie "Insecure" d'Issa Rae, qui a été diffusée pendant cinq saisons sur HBO. Il semble que la décision ait été avant tout financière, bien que certains historiques d'HBO aient manifesté leur émoi à cette idée.
L'accord ne serait pas encore finalisé, il reflète cependant une modification importante de la stratégie dans le domaine de la SVOD (les contenus seraient cependant toujours présents sur le service de SVOD, Max).
HBO made a big push in off-network syndication more than a decade ago when it sold edited versions of Sex and the City to TBS (and subsequently E!/Style), Curb Your Enthusiasm to TV Guide Channel, Entourage to Spike as well as The Sopranos to A&E for a blockbuster $200M deal. In 2014, HBO struck a deal with Amazon Prime Video to license series such as The Sopranos, Deadwood, Six Feet Under and The Wire. However, this deal was struck before Amazon became a rival for premium originals.
David Zaslav, le PDG de Warner Bros. Discovery, est en quête de nouvelles façons de monétiser le riche catalogue d’HBO, et s’inscrit dans le cadre d'un plan de réduction des coûts global.
Aux débuts des années 2010, Jeff Bewkes, alors patron de Time Warner dont faisait partie HBO, avait comparé Netflix à “l'armée albanaise”.
La roue semble avoir tourné depuis, et il est presque amusant de constater comment les géants de l'industrie, autrefois adversaires acharnés, peuvent se retrouver à la même table de négociation.
Cette nouvelle donne évoque la récente décision d’Apple+ de distribuer ses contenus pendant un an gratuitement à travers les interfaces de Canal, dans un compromis très win-win : Apple fait davantage connaître ses programmes (et monétise une partie de ce coûteux catalogue) et Canal l’accès à des contenus qui ont tendance à se raréfier pour les diffuseurs premium (et le prestige de distribuer en exclusivité Apple).
Téléshoppé 📺 : Youtube lance sa 1ère chaîne shopping en Corée
⌛️ : 32 sec
YouTube prévoit de lancer sa première chaîne “shopping” officielle en Corée du Sud à la fin du mois. Cette nouvelle chaîne fournira une plateforme de commerce en prise directe avec les entreprises et prévoit de diffuser en direct du contenu de shopping de ces marques avec une trentaine de marques au démarrage.
C'est la première fois que YouTube ouvre une chaîne de shopping officielle.
L’an dernier, YouTube avait lancé un nouvel onglet shopping dans sa section "Explorer" permettant aux créateurs éligibles de taguer les produits qu’ils mettaient en avant dans leurs livestreams ou de reprendre un listing des produits dans la partie d’informations sous leurs vidéos, et accessoirement aux spectateurs d'acheter ces produits.
Lors des résultats du Q4 2022., Philipp Schindler, directeur commercial d’Alphabet, avait déclaré que la firme s’efforcerait de rendre YouTube plus "achetable".
Engloutis 🍔 : les big tech sont désormais les Big Ads
⌛️ : 1 min 17 sec
Selon un nouveau rapport de GroupM (une des plus principales agences média dans le monde), les 25 plus grandes entreprises publicitaires dans le monde ont concentré plus de 75% de TOUTES les recettes publicitaires mondiales l'année dernière. Les 25 plus gros acteurs en 2017 concentraient moins de la moitié (49,4%).
La grande majorité de ces entreprises (17 sur les 25 premières) sont des entreprises tech. Les modifications de normes de confidentialité sur Internet (au départ pour permettre aux utilisateurs de se réapproprier leurs données) a conduit à une concentration sans précédent de la pub vers les plus grands acteurs de l'industrie (qui pouvaient continuer à cibler leurs utilisateurs “logués” ou acceptant les cookies1) , au détriment des éditeurs de médias traditionnels.
Le marché publicitaire mondial devrait croître de 5,9% cette année, en ligne avec les prévisions de GroupM. Cette croissance, positive en termes nominaux, serait cependant négative après prise en compte pour l'inflation.
Pour les géants de la tech et de la distribution, la combinaison de l'e-commerce et de la vidéo courte (le retail media) semble offrir d'énormes opportunités de croissance publicitaire. Aujourd'hui, les cinq plus grandes entreprises publicitaires mondiales - Google, Meta, ByteDance, Amazon et Alibaba - représentent plus de la moitié de toutes les recettes publicitaires mondiales.
Je vais remettre cette phrase tant elle est délirante :
Today, the top five global ad firms — Google, Meta, ByteDance, Amazon and Alibaba — make up more than half of all global ad revenue.
En 2011, les cinq plus grands gagnants de la publicité au plan mondial comprenaient Google, Viacom + CBS, News Corp. + Fox, Comcast, et Disney. Elles ne représentaient à l’époque que 20% de l'ensemble du marché publicitaire mondial.
Les entreprises technologiques chinoises représentent environ un tiers de ce top 25.
Notons au passage que Google et Meta, les deux plus grandes entreprises publicitaires mondiales en termes de revenus, voient leur domination collective ralentir en raison de la croissance de nouveaux géants de la technologie publicitaire dans le commerce de détail (Amazon), la livraison (Uber) ou encore le hardware (Apple).
Arroseur arrosé 💦 : les dompteurs d’IA utilisent… l'IA
⌛️ : 1 min 4 sec
Une étude récente a révélé une ironie délicieuse dans le monde de l'intelligence artificielle : une proportion significative de personnes payées pour former des modèles d'IA (les dompteurs d’IA), sans finalement trop de surprises là dessus, elles sous-traitent elles-mêmes ce travail à l'IA. Imaginez, des machines qui entraînent des machines pour être... plus intelligentes. What could go wrong?
Beaucoup d'entreprises paient des travailleurs à la mono tâche sur des plateformes comme Mechanical Turk (Amazon) ou Fivver ou TaskRabbit pour effectuer des tâches généralement difficiles à automatiser, telles que résoudre des CAPTCHAs, étiqueter des données et annoter du texte. Cette donnée est ensuite injectée dans des modèles d'IA pour leur apprendre comment font les humains et ainsi les former à nos comportements. Ces soutiers du numériques, mal payés, sont généralement sous pression pour qu'ils accomplissent le plus de tâches le plus rapidement possible. La solution? La sous-traitance à l'IA !
Evidemment, il y a un hic : utiliser des données générées par l'IA pour… former l'IA pourrait introduire davantage d'erreurs dans ces modèles. Cette découverte met en évidence le besoin de nouvelles méthodes pour vérifier si les données ont été produites par des humains ou par l'IA.
L'étude conduite par l’EPFL sur 44 travailleurs pour résumer 16 papiers scientifiques différents, a estimé qu'entre 33% et 46% des travailleurs avaient utilisé des modèles d'IA comme ChatGPT pour effectuer leur travail.
They analyzed their responses using an AI model they’d trained themselves that looks for telltale signals of ChatGPT output, such as lack of variety in choice of words. They also extracted the workers’ keystrokes in a bid to work out whether they’d copied and pasted their answers, an indicator that they’d generated their responses elsewhere.
Vu 🖼️ : Les Arts à Paris à L'Orangerie
⌛️ : 1 min 8 sec
C’est une exposition, mais une exposition permanente. Le sous-sol du Musée de L’Orangerie dévoile le rôle clé du marchand d’art Paul Guillaume dans l’émergence de l’art moderne sous l’égide de Guillaume Apollinaire : mise en avant du rôle de Cézanne pour ces avant-gardes, revisitations de la contribution de Renoir (en particulier les femmes girondes chez Utrillo, Mayol ou bien sûr Picasso), la primauté de la couleur, sans compter le soutien financier (les marchands d’art achetaient les œuvres) apporté à Picasso, Matisse, Modigliani, au Douanier Rousseau ou encore à mettre en avant les visages translucides, presque africanisants de Marie Laurencin (et non! pas forcément cette robe dont il est question dans l’Eté Indien interprété par Joe Dassin).
De 1914 à sa mort en 1934, il rassembla une collection extraordinaire de plusieurs centaines de peintures, de l'impressionnisme à l'art moderne, alliée à des pièces d'art africain. Devenu riche et célèbre de l'Europe jusqu'aux États-Unis, il mourut en pleine gloire, en songeant à fonder un musée.
Sa veuve Domenica, remariée à l'architecte Jean Walter, transforma et réduisit la collection, tout en faisant de nouvelles acquisitions. Elle souhaita lui donner le nom de ses époux successifs lorsque l'Etat français s'en porta acquéreur à la fin des années 1950. La collection fut dès lors destinée à être présentée au musée de l'Orangerie.
Elle comporte actuellement pour la période impressionniste 25 œuvres de Renoir, 15 de Cézanne, 1 œuvre de Gauguin, Monet, Sisley.
Le musée s'enorgueillit pour le XXe siècle de présenter 12 œuvres de Picasso, 10 de Matisse, 5 de Modigliani, 6 de Marie Laurencin, 9 du Douanier Rousseau, 30 de Derain, 10 d’Utrillo, 22 de Soutine et 1 de Van Dongen.
La visite du Musée de l’Orangerie est aussi l’occasion de visiter les Nymphéas de Monet spécialement conçus pour les pièces ovoïdes de l’étage, commande d’Etat de Clémenceau à un Monet déclinant.
A emporter 🌯 : quelques Burritos pour la route
Parmi les sujets “non traités” cette semaine mais dignes d’intérêt, voici
Fortnite affiche une première collaboration avec la marque DotSwoosh de Nike, Epic Games réaffirme qu’il n’intégrera pas les NFTs dans son écosystème, mais qu’il ne les interdira pas pour autant (contrairement à Minecraft).
Nike d’ailleurs montre-t-il la voie au futur des NFTs ? (Bankless)
Les priorités de Twitter : la video et le commerce électronique (NY Post)
Deux créateurs unissent leur force pour créer un fonds d’investissement médias orienté vers la GenZ (Hollywood Reporter)
Call Her Daddy host Alex Cooper and Ace Entertainment CEO Matt Kaplan have formed a media venture, Trending, that will target Gen Z audiences with programming across film, TV, audio, live events and more.
les TVs de Sky intégreront des webcams pour les videocalls et le “co-visionnage participatif” aka watch-together (The Verge);
Les leçons du Reuters Digital News Report 2023 (par Thomas Karolak sur Linkedin : “devenez une tech company” ou par Mediarama : le web est mort)
Annonces en pagaille aux Cannes Lions, avec des alliances dans la vidéo programmatique : TF1 rejoint l’alliance de NBCUniversal (OnePlatform) / M6 rejoint de son côté l’initiative Unlimitail (Carrefour et Publicis)
Facebook par exemple avait mis du temps à respecter les lignes de conduite du RGPD européen et contraignait ses utilisateurs à accepter les cookies contre l’utilisation de son service.
Tu as traité les sujets qui m'intéressaient le plus donc je suis ravie et j'ai appris plein de choses sur les stratégies médias et pub notamment. Et que les Nymphéas de l'orangerie avaient été peints pour la salle, j'ai toujours que c'était l'inverse, que le musée avait subi une rénovation récente pour y intégrer la peinture. Je crois que la réouverture de cette salle date de 2007 quand j'étais encore à l'assemblé nationale ! Merci 😉