Le Wrap Up de la semaine des obsèques d'Alexeï Navalny (semaine du 26 février 2024)
💸 : le FT lance un fonds d’investissement - 🎸 : pourquoi le live ? - 🧩 : des jeux ChatGPT - 🦌 : la presse rêvait technologie - 🤓 : Very Math Trip au théâtre
Au sommaire de cette semaine :
Investi 💸 : le Financial Times lance un fonds d’investissement
Concerté 🎸 : pourquoi nous apprécions tant les concerts live ?
Survivaliste 🦌 : comment l’information a tenté la révolution digitale?
Zygomathique 🤓 : Very Math Trip, un spectacle d’humour mathématique
⏳ Temps de lecture : 8 min 40 sec
Investi 💸 : le Financial Times lance un fonds d’investissement
⏳ : 1 min 27 sec
Le fleuron de l'information économique et financière, le Financial Times vient d’annoncer la création de FT Ventures, son nouveau véhicule d’investissement dans les médias. Axios qui révèle cette initiative, y voit une avancée stratégique du groupe avec cette démarche de prise de participation dans des startsups aux confins des startsups des médias et de la tech. La première flèche décochée par ce nouvel arc financier vise Charter, une startup média dédié au Futur du Travail qui revendique déjà près de 100 K abonnés.
Alors que le rythme de la fragmentation médiatique et l’équation économique des médias de presse ne trouve pas son salut, le FT, filiale du groupe d’informations économiques japonais, Nikkei, puise dans sa trésorerie pour doter son fonds de 30 m£ (35 M€).
Le but affiché : s'allier avec des jeunes pousses prometteuses, capables d’aider à redéfinir les contours de l'industrie de l'information globale et des technologies la soutenant. Les investissements stratégiques avec participation majoritaire du FT Group continueront de se faire en direct par le groupe comme le rachat d’Endpoints, un site d’informations biomédicales.
Charter avec ce tour de table additionnel de 1 M$ vient compléter un financement de départ de 3 M$, se trouve ainsi propulsé sous les projecteurs, bénéficiant non seulement du capital mais également de l'expertise reconnue du FT.
Le choix de Charter n'est pas fortuit. La synergie entre les missions des deux entités résonne comme une mélodie harmonieuse, chantant les louanges d'une information utile et perspicace, essentielle dans l'espace de travail moderne. Charter, de son côté, mise sur la diversification de ses revenus, jonglant entre publicités, parrainages d'événements et abonnements à son service premium, Charter Pro (29£ par mois)
Ce n'est là qu'un premier pas, FT Ventures ayant déjà d'autres cibles dans son viseur, explorant les territoires variés de l’IA (what else) et des “technologies disruptives”.
"We are looking for high-growth and innovative companies in the global information industry and tech companies that support them," Calinikos said. That could be companies in media, data, intelligence, or technologies and tools that support those areas.
En s'engageant dans l'investissement en capital-risque, le FT et ses semblables, à l'instar de Hearst avec son Hearst Ventures (un des pionniers des fonds VC Corporate, créé en 1995 et ayant désormais 1 Md$ de fonds sous gestion), ne cherchent pas seulement à stimuler l'innovation mais à ne pas se laisser distancier dans la formation d’un nouvel univers médiatico-tech.
Concerté 🎸 : pourquoi notre cerveau préfère le live ?
⏳ : 1 min 47 sec
Rien n’y fait, malgré les promesses d’immersion totale, ou les fantasmes des concerts dans les métaverses d’il y a quelques mois, l'expérience du concert live conserve un attrait indéfectible auprès des fans.
Les neuroscientifiques, grâce à une étude réalisée par les Universités de Zurich et d'Oslo, nous éclairent enfin sur la raison pour laquelle les concerts en direct captivent notre cerveau d'une manière que la musique enregistrée ne peut égaler. L'explication serait biomécanique : elle tient à la capacité de la musique live à engager plus intensément les centres émotionnels de notre cerveau.
Les concerts sont des expériences sociales immersives qui permettent au public de ressentir la musique collectivement, à travers les crescendos, les drops, les changements de tonalité et les pauses, tout en offrant une dynamique unique : les artistes peuvent en temps réel modifier leur performance en fonction de l’énergie de la salle. Cette interaction dynamique a conduit les neuroscientifiques à étudier comment la musique live influence le traitement émotionnel dans le cerveau des artistes par voie de rebond. Pour ce faire, ils ont mis en place une expérience où des participants, allongés dans un scanner IRM, écoutaient de la musique via des écouteurs. Dans le cadre de l'expérience "live", un pianiste jouait en direct en se basant sur l'activité cérébrale en temps réel des participants comme retour. À l'inverse, dans le cadre enregistré, les participants écoutaient des versions pré-enregistrées des mêmes morceaux donc sans altération en fonction du public.
Les résultats, publiés dans le journal PNAS, révèlent que la musique live a un impact émotionnel significativement plus fort : indépendamment du caractère joyeux ou triste de la musique, le fait d'écouter un pianiste jouer de manière dynamique activait davantage l'amygdale ainsi que d'autres parties du réseau cérébral lié aux émotions. De plus, l'activité cérébrale des participants reflétait plus fidèlement les caractéristiques acoustiques de la musique, telles que le tempo et la hauteur, lorsqu'elle était jouée en direct.
Bien que cette étude ne reproduise pas entièrement l'expérience d'un concert en direct, elle souligne néanmoins l'importance de l'interaction entre les artistes et leur public. C'est cette capacité des artistes à modifier leur performance en fonction de l'ambiance de la salle qui rend les concerts en direct si spéciaux. Des spectacles comme ABBA Voyage tentent de recréer l'expérience d'un concert avec des hologrammes pré-enregistrés, mais sans la capacité de l'artiste à "écouter" la salle, l'expérience serait donc incomparable à celle d'un vrai concert (même si, en l’espèce, les protagonistes ont dépassé les 80 ans).
L’étude montre que les autres éléments essentiels d’un bon concert n’ont pas été pris en compte : cette douce odeur de transpiration, les pieds qui collent au sol détrempé de bière ou encore l’opportunité de faire des rencontres avec des membres de l’autre sexe… On ne doute pas que ces éléments seront prochainement étudiés et viendront encore renforcer l’expérience sociale d’un concert.
Ludifiés 🧩 : des jeux reposant sur ChatGPT
⏳ : 1 min 38 sec
On pourrait à chaque innovation regarder en priorité la façon dont la musique, l’industrie du X s’en saisissent pour voir si ces innovations ont un potentiel grand public ou non. On pourrait rajouter à ce tamis, la façon dont le jeu s’approprie aussi les nouvelles potentialités tech.
Dans le BDM cette semaine, 5 jeux ont été passés à la loupe pour découvrir comment ils exploitent la capacité des chatbots à interagir avec les utilisateurs pour créer des expériences ludiques variées.
Ce sont très souvent à ce stade des modalités de “livre dont vous êtes le héros”, c’est à dire que ChatGPT élabore la suite de l’aventure au gré de vos choix à des embranchements de l’aventure.
Voici 5 petits jeux pour nourrir votre réflexion :
1. DeepGame : Un jeu de rôle interactif où les joueurs sont plongés dans des aventures narratives. Le jeu offre une grande liberté de choix, chaque décision influençant le déroulement de l'histoire. Les scénarios sont générés de manière aléatoire ou selon les préférences des joueurs, et le jeu peut être joué en français. Les thèmes des aventures sont divers, allant de l'aventure spatiale à l’épopée fantastique.
2. Sudoku : Ce classique des jeux de réflexion est adapté aux chatbots. Les joueurs peuvent générer des grilles de Sudoku de différentes tailles et difficultés et y jouer directement avec le chatbot. Des conseils et des tactiques peuvent également être demandés pour améliorer les compétences des joueurs.
3. Murder Mystery Mayhem : Inspiré du jeu de société Cluedo, ce jeu invite les joueurs à résoudre des meurtres dans les années 1920. Les joueurs enquêtent sur une scène de crime, interrogent des suspects et collectent des indices pour identifier le coupable. Le jeu est disponible en français et offre une expérience imagée grâce à des générations d’illustration par DALL-E.
4. Moby Dick RPG : Les joueurs incarnent le narrateur du célèbre roman de Melville. Ils explorent l'histoire à travers des interactions avec les personnages du livre, notamment le fameux capitaine Achab. Le jeu propose différentes options de réponse, et les interactions peuvent influencer le déroulement de l'histoire.
5. Escape the Haunt : Ce jeu d'aventure textuelle s'inspire des escape games physiques, mettant les joueurs au défi de résoudre des énigmes pour s'échapper d'un hôtel hanté. Les joueurs doivent explorer l'environnement, trouver des objets et éviter les pièges pour réussir leur évasion. L'expérience est aussi illustrée grâce à DALL-E, ajoutant une dimension visuelle à l'aventure.
En bonus, l'article mentionne également 120-in-1 Games, une bibliothèque de 120 jeux variés couvrant différentes catégories et thèmes, en particulier historiques, tous jouables en français. Cette sélection permet d’illustrer l’éventail des possibilités offertes par le Chatbot d’OpenAI.
Survivaliste 🦌 : comment l’information a tenté la révolution digitale?
⏳ : 2 min 13 sec
Un long papier d’ambiance du New York Times revient sur le crépuscule de l’industrie des médias face à l’innovation technologique (How the Media Industry Keeps Losing the Future) vu par les pionniers du journalisme digital des années 1980-1990. Roger Fidler revient sur son rêve d'un avenir numérique pour le journalisme, confronté à la réalité d'une industrie en déclin.
Fidler avait imaginé il y a plus de trente ans un futur où les journaux seraient libérés des contraintes des presses à imprimer, grâce à des dispositifs portables fournissant des informations enrichies par la vidéo, le son, et l'animation.
Si sa vision de l'information digitale s'est réalisée, les médias traditionnels dont il pensait qu’ils méneraient cette révolution, n’en ont que marginalement profité. Leur déclin, amorcé il y a déjà à présent quelques décennies, semble s'accélérer, avec des coupes budgétaires et des licenciements de plus en plus rapprochés même parmi les startups digitales qui s’étaient montés dans ce secteur (voir cet article d’Axios qui revient sur la débandade des pure players qui étaient les artisans de la concentration de la presse digitale : Vox Media, BuzzFeed, …).
Cutbacks were just announced at Law360, The Intercept and the youth-oriented video site NowThis, which laid off half its staff. The tech news site Engadget, which comprehensively tracks tech layoffs, laid off its top editors and other staff members. Condé Nast and Time are shedding employees. The continued existence of Vice Media, once valued at $5.7 billion, and Sports Illustrated, in another era the most influential sports publication, is uncertain. The Los Angeles Times and The Washington Post eliminated hundreds of journalists between them. One out of four newspapers that existed in 2005 no longer does.
L'article souligne que le cœur de la mission des médias traditionnels, transmettre des informations sur le monde, devient de plus en plus difficile à maintenir. La couverture locale et régionale peine à devenir rentable en ligne et le concept même d’infos s'estompe, avec les réseaux sociaux prenant une place de plus en plus importante comme source d'information locale.
Le Reuters Institute of Journalism s’était appesanti en 2022 sur la situation en montrant dans une quinzaine de pays, les divergences d’attente entre générations autour du concept de s’informer : les 18-24 se retrouvant bien dans le concept d’infotainment alors que les plus âgés survalorisent la politique, l’international et les infos autour d’eux.
Fidler, après avoir passé 21 ans au sein du groupe de presse US Knight Ridder, avait nourri différents projets qui devaient s’appuyer sur les technologies émergentes :
One early project was Viewtron, an effort to put terminals into people’s homes that would deliver news, shopping and chat. It delivered too little and cost too much. In 1986, Viewtron was shut down.
Il a également contribué au développement d’une technologie propriétaire de tablettes légères dédiées en 1994 destinées à “sauver les journaux”, un effort qui s'est finalement avéré infructueux face à l'émergence d'un concurrent imprévu : l'internet.
Les “internets” ont créé une alternative aux journaux imprimés, devenant ensuite un concurrent et finalement contribuant à leur anéantissement. L'introduction tardive de paywalls par les éditeurs a été une réponse insuffisante, dit l’article, face à un marché dont l’audience et les revenus publicitaires étaient déjà capturés par les Google, Facebook, et Amazon.
Malgré la diversification et l'accessibilité accrue de l'information, l'érosion du journalisme traditionnel reflète une société (américaine) fracturée et divisée. L'article conclut sur une note pessimiste concernant l'avenir de la majorité des journaux aux États-Unis, tout en reconnaissant que des initiatives de journalisme sans but lucratif et la croissance de l'information communautaire offrent des lueurs d'espoir dans un paysage médiatique en mutation.
Zygomathique 🤓 : Very Math Trip, un spectacle d’humour mathématique
⏳ : 1 min 16 sec
Les derniers résultats des enquêtes PISA nous a montré le fossé grandissant dans les comparaisons internationales au sujet des mathématiques. La France y est particulièrement mal notée, alors qu’elle excelle par ailleurs dans les palmarès des Médailles Fields, ces prix Nobel de Mathématiques (ex-aequo avec les Etats Unis sur le nombre de récipiendaires avec 15 médailles sur les 62 jamais attribuées).
Dans une démarche à la fois audacieuse et ludique, Very Math Trip se donne pour mission de changer la manière de percevoir les mathématiques. Conçu et interprété par Emmanuel Houdart, professeur de mathématiques qui nous vient de Belgique et qui n’hésite pas à montrer son bulletin de classe montrant que les Maths n’ont pas toujours été sa matière forte…
Ce spectacle unique en son genre, qualifié de "one math show", ambitionne de démystifier les mathématiques. Le comédien avec un enthousiasme contagieux, s'emploie à montrer comment des principes mathématiques tels que le théorème de Pythagore ou la courbe de Gauss peuvent s'inviter dans des activités quotidiennes, comme le football, ou même dans des concepts abstraits tels que l'amour et le bonheur, en reliant ces derniers à des équations simples.
Ce spectacle s'adresse à un public familial, incluant également ceux qui se considèrent comme des cancres en maths, et promet une expérience à la fois éducative et divertissante. Il s'inscrit dans la continuité du travail de vulgarisation mathématique d’Emmanuel Houdart, reconnu pour son engagement pédagogique auprès des jeunes en difficulté à travers l'association Entr’aide et la fondation de la Maison des Maths, qui lui ont valu le titre de "Wallon de l’année" en 2017.
Le "Very Math Trip" se distingue par son approche humoristique et ses anecdotes captivantes, qui transforment la vision souvent austère des mathématiques en une aventure palpitante. Le spectacle, dont nombre d’exemples sont présents sur la chaîne Youtube du prof, est complété par la publication d'un livre, offrant une extension du voyage au cœur des mathématiques pour les spectateurs désireux d'approfondir leur découverte.
Avec plus de 250.000 spectateurs déjà conquis, "Very Math Trip" se positionne comme un petit événement culturel en soi. A partager en famille :