Le Wrap Up de la semaine de la victoire du PPV de Geert Wilders aux Pays-Bas(semaine du 19 novembre 2023)
🔚 : Le combat pour l’âme de l’IA - 🦑 : Les avatars de la téléréalité - 🎮 : L’irrésistible ascension de l’eSport - 🤬 : Dans le cerveau d'Elon Musk - 🖼️ : Kehinde Wiley au Quai Branly
Au sommaire de cette nouvelle semaine d’actualités médias et tech :
⌛️ temps de lecture : 7 minutes 40 secondes
Téléologique 🔚 : le combat pour l’âme de l’IA
⌛️ : 1 min 57 sec
Un des éditorialistes stars du New York Times, David Brooks, revient sur l’événement tech de la semaine écoulée, à savoir le renvoi puis le rappel de Sam Altman à la tête d’OpenAI.
Il met en lumière la dualité et les défis auxquels fait face OpenAI, une entreprise évoluant à l'intersection de la recherche académique (ce que le Board était censé défendre) et de l'industrie lucrative de l'intelligence artificielle (ce que le management d’OpenAI poursuit).
L’hybridation des deux logiques au sein de la même entreprise reflète les diverses motivations au sein de l'entreprise : la curiosité scientifique, l'ambition commerciale et un engagement envers la sécurité et l'éthique.
L'article soulève la question cruciale de la durabilité de cette contradiction apparemment fructueuse.
Can one organization, or one person, maintain the brain of a scientist, the drive of a capitalist and the cautious heart of a regulatory agency? Or, as Charlie Warzel wrote in The Atlantic, will the money always win out?
Contrairement à d'autres secteurs technologiques, l'IA a des racines profondément universitaires, avec des chercheurs éminents comme Yann LeCun et Geoffrey Hinton (dont vous pouvez suivre la controverse en direct sur X). Récemment, une migration s'est opérée depuis le monde académique vers l'industrie, avec des chercheurs rejoignant Alphabet, Microsoft ou OpenAI. Ces chercheurs toutefois maintiennent un dialogue académique à travers la publication de travaux de recherche (comme continue de le faire Meta avec son approche toujours orientée vers l’open source), tout en naviguant dans un secteur au rythme effréné et audacieux.
L'article de Brooks décrit également la culture interne d'OpenAI, soulignant la fidélité des employés envers la recherche plutôt que la poursuite du profit. Avant la notoriété apportée par des projets comme ChatGPT, OpenAI était perçu comme un laboratoire de recherche académique. Cependant, même après son succès, l'entreprise a su préserver une culture de calme et de sérieux, loin de l'agitation habituelle du monde technologique.
Les employés d'OpenAI, provenant de divers horizons académiques et artistiques (la liste des profils hors normes est impressionnante), se caractérisent par leur sérieux et leur dévouement.
Yoon grew up as a dancer and acting Shakespeare. Nick Ryder was a mathematician at the University of California, Berkeley, with an interest in something called finite differential convolutions before he became a researcher at OpenAI. Several people mentioned a colleague on the research side who studied physics as an undergrad, went to Juilliard for two years to study piano and then got a graduate degree in neuroscience. Others told me their original academic interests had been in philosophy of mind or philosophy of language or symbolic systems. Tyna Eloundou, a member of the company’s technical staff, studied economic theory and worked at the Federal Reserve before coming to OpenAI.
Cependant, l'auteur reste sceptique quant à la pérennité de cette culture, compte tenu des pressions financières et de la course à l'innovation à l’œuvre.
Enfin, l'article aborde la forte place des préoccupations éthiques et de sécurité au sein même des employés d'OpenAI : ils sont conscients des enjeux et des dangers potentiels, mais sont également déterminés à poursuivre leur mission de développer une intelligence artificielle générale.
La question demeure de savoir si OpenAI, après l’épisode que nous venons de connaître, préservera sous la direction renouvelée d'un Altman renforcé, son équilibre unique entre recherche, éthique et ambition commerciale.
Tentaculaires 🦑 : les différents avatars de la téléréalité
⌛️ : 1 min 36 sec
Un article récent de The Economist examine l'impact et les implications de l'émission de téléréalité "Squid Game: The Challenge", un dérivé en téléréalité de la fiction sud-coréenne à succès "Squid Game" (pour rappel : l’émission reste l’un des plus gros cartons de Netflix qui un mois après sa mise en ligne revendiquait 1,65 milliard d’heures visionnées).
Dans cette version, 456 concurrents du monde entier concourent pour gagner près de 4,6 M$, avec des défis inspirés de la série originale (évidemment sans les conséquences mortelles).
Le producteur Stephen Lambert décrit le programme comme le plus grand et le plus ambitieux jamais produit dans le genre non scripted (ce vocable rassemble les jeux télévisés, les émissions de rencontres, les documentaires et des programmes dits de true-crime). L'article souligne que le comportement des participants dans l'émission révèle, comme dans la série, beaucoup sur leur nature propre.
Plus de 20 ans après son apparition sur nos antennes, la TV réalité est omniprésente en raison du maintien d’audiences importantes et de son coût de production relativement bas par rapport aux autres contenus haut de gamme.
Au S1 2023, d’après Ampere Analysis, près de 70 % des émissions commandées dans le monde étaient non scénarisées. La téléréalité a également profité des grèves des scénaristes et acteurs aux États-Unis, car elle ne dépendait pas justement des scénaristes, des acteurs ou de réalisateurs célèbres (certains candidats de Squid Game The Challenge ont toutefois demandé à être indemnisés).
L'émission est aussi un exemple de l'exploitation actuelle de la propriété intellectuelle existante. La tendance, déjà visible au cinéma, se manifeste désormais à la télévision, avec des émissions tirées de franchises célèbres.
Amazon recently released “007: Road to a Million”, a competition show yoked to the James Bond franchise, which features contestants travelling around the world acting like secret agents and trying to win a jackpot of £1m ($1.25m).
If a show resonates in one country, it will traverse the globe, too. “Big Brother”, featuring strangers enjoying life under surveillance, has been produced in 67 markets. TV executives now scour the world for new IP.
“Married at First Sight”, for example, in which people agree to wed strangers, started in Denmark. As well as being an exporter of popular dramas, South Korea is one of the top incubators of reality tv.
L'article aborde enfin la stratégie de diffusion (en plusieurs parties) adoptée pour "Squid Game: The Challenge", reflétant l’évolution du marketing des plateformes : cette approche vise à recréer une expérience de visionnage collective (plus efficace pour la publicité à un instant T) et à prolonger l'engagement des abonnés (dans la durée).
Transpirant 🎮 : l’irrésistible ascension de l’eSport
⌛️ : 1 min 55 sec
Le groupe ESCP Alumni Médias & Entertainment que je coanime avait le privilège cette année d’intervenir dans le cadre prestigieux du festival Médias en Seine organisé par le Groupe Les Echos-Le Parisien et Radio France. Nous avons pu explorer en profondeur l'évolution rapide et l'impact significatif de l'eSport dans le secteur des médias, industrie aussi peu connue que massive.
L’eSport, un média total
Il était intéressant que pour la première fois, Médias en Seine s’ouvre à cette industrie, car comme on a pu déjà le dire ou l’écrire, le jeu vidéo et sa dimension la plus spectaculaire, l’eSport est un “média total”.
Des Éclairages sur l'Esport par des Experts de Premier Plan
Arthur Perticoz de Karmine Corp, Bertrand Amar de Webedia, et Lison Cerdan de Gozulting ont chacun apporté des insights sur ce phénomène toujours en croissance, mais dont on a pu aussi sentir qu’il se cherchait économiquement.
Ils ont décortiqué la transformation de l'esport, d'un loisir marginal en un phénomène culturel global et professionnel. Ils ont mis en exergue ses enjeux économiques, ses défis, ses problématiques, ainsi que (rapidement) son impact sociétal, qui justifierait à lui seul une conférence.
Les multiples aspects de l'eSport
La conférence a renforcé l’idée de l'esport comme une discipline en pleine mutation, perturbant le secteur des médias de différentes manières (audience, starification, tipping, marchandisation).
Le débat a non seulement abordé la croissance économique de l'esport, où les exploitations qui en sont faites commencent de plus en plus à rapporter; mais aussi à la concurrence pour les talents, souvent mondiale, entraînant une envolée des salaires des bons joueurs. A ce titre, il est intéressant de voir comment les cash prizes qui auparavant défrayaient la chronique et permettaient de faire rêver le grand public sur l’enjeu grandissant des compétitions, a tendance à s’effacer, car désormais ce sont les équipes qui cherchent à en bénéficier pour équilibre leurs finances, notamment en partie gréver par les salaires des joueurs.
Les revenus des events ? Les sponsors en premier lieu les les droits, c'est à dire même si ils sont faibles aujourd'hui la diffusion de ces compétitions. génère des revenus sur les plateformes comme comme Twitch avec la pub qui est à la fin sur des dizaines de millions de vues sur l'année, ça fait des chiffres.
Twitch ne vous achète pas les diffusions des compétitions ? non non ils ont ils ont cette force qui leur permet de se passer de ça et puis enfin la billetterie sur sur les évènements et puis des revenus additionnels qu'on explore.
Les revenus des teams eSport ? 40% viennent des sponsors, 20% des revenus de tournois (et comme on accède à des leagues fermées, ces revenus en forte croissance, et 40% des autres revenus (merchandising). Traditionnellement, pour les équipes normales, c’est environ 70% de sponsoring, voire 80-90%.
Réciproquement, les organisateurs d’événéments eSport cherchent à sortir de la dépendance qu’ils ont avec les éditeurs de jeux (l’eSport reste pour eux une vitrine marketing et ils contraignent les organisateurs à diffuser gratuitement les compétitions).
Pour rentrer d’avantage dans le détail, retrouver le Descript de la conférence :
Libertaire ou antisémite 🤬 : que pense Elon Musk?
⌛️ : 2 min 05 sec
Le Wall Street Journal a plongé au cœur de la polémique récemment ravivée par les commentaires intempestifs, voire incontrôlés, d’Elon Musk, le milliardaire entrepreneur propriétaire de Twitter/X. Il a récemment été au cœur d'une controverse à la suite d'une série de tweets jugés antisémites.
Ces tweets ont commencé par des critiques contre la Ligue Anti-Diffamation (ADL), un groupe de défense des droits des Juifs aux Etats-Unis, que Musk a accusé de propager un "virus mental woke" nuisible à la liberté d'expression et à son entreprise. Musk a qualifié un tweet antisémite de "vérité absolue" (“the exact truth”) et a intensifié ses attaques contre l'ADL.
Cette controverse survient peu après une apparente détente entre Musk et l'ADL, à la suite d’une escalade précédente. Les actions de Musk ont attiré une vague de critiques négatives, notamment lorsqu'il était censé représenter l'excellence américaine lors de la conférence de la Coopération économique Asie-Pacifique à San Francisco et superviser le lancement historique de la fusée SpaceX.
Des investisseurs de longue date, d'importants annonceurs et même la Maison Blanche (qu’elle a qualifié de “hideux”) ont condamné son commentaire.
L'incident a débuté lorsque Musk a réagi à un tweet d’un compte Wall Street Silver, suivi par Musk, critiquant les médias traditionnels et citant une émission de MSNBC se basant sur des données de l'ADL (hausse des commentaires homophobes, antisémites sur sa plateforme) depuis la prise de pouvoir de Musk.
Ce dernier a alors suggéré que l'ADL devrait être renommée "Ligue de Diffamation". Par la suite, ses tweets sont devenus de plus en plus provocateurs, allant jusqu'à soutenir une théorie du complot antisémite, proche de celle prononcée par l'auteur de la fusillade de la synagogue de Pittsburgh en 2018 sur un grand remplacement US.
Musk a continué à critiquer l'ADL, affirmant qu'elle attaquait injustement la majorité des Occidentaux tout en évitant de critiquer les groupes minoritaires qui, selon lui, représentaient une menace. Il a exprimé son mécontentement face au racisme anti-blanc ou anti-asiatique, ainsi que toute forme de racisme.
L'épisode a également révélé la stratégie de Musk de promouvoir les soi-disant journalistes citoyens sur X, tels que Wall Street Silver, qui profitent d'un nouveau programme de partage de revenus pour les tweets devenant viraux. Depuis l'acquisition de Twitter par Musk, la capacité de la plateforme à gérer les discours de haine et la désinformation a été scrutée de près notamment par l'ADL.
Pour faire écho aux critiques de l'ADL, Musk a en effet démantelé une grande partie de l'infrastructure de modération de contenu de Twitter, ce qui a suscité des inquiétudes parmi les annonceurs. Selon sa conception (qu’on a toujours un peu de mal à suivre), il a présenté cela comme un moyen de lutter contre une mentalité “libérale excessive” limitant la liberté d'expression. Malgré une trêve temporaire en octobre entre Musk et l'ADL, la controverse a été ravivée par les événements récents, et certains appellent désormais ouvertement à boycotter la plateforme.
Mercredi dernier à Médias en Seine, le chercheur et historien à Sciences Po, David Colon lors d’une conférence intitulée “Faut-il quitter X?”, a soutenu que les réseaux sociaux étaient pleinement intégrés à l’espace public démocratique et qu’à ce titre ils devaient suivre des règles et afficher une certaine transparence sur l’éditorialisation de ces plates-formes (c’est à dire être transparent sur les algorithmes qui régissent l’affichage et la popularité des posts). Il appelle à la création d’un réseau social européen intègre qui empêcherait des régimes autoritaires d’influencer le sort de nos élections démocratiques.
Labyrinthique 🖼️ : Kehinde Wiley croque le pouvoir au Quai Branly
⌛️ : 1 min 06 sec
Kehinde Wiley, artiste américain né en 1977, artiste reconnu pour ses relectures contemporaines des portraits de la Peinture Néoclassique européenne, présente au Musée du Quai Branly une série de portraits consacrée aux chefs d'État africains (Dédale du Pouvoir / A Maze of Power) sur laquelle il travaille depuis 2012, explore la mise en scène du pouvoir et l'identité du pouvoir africain.
En 2008, l’élection de Barack Obama a été un tournant pour Kehinde Wiley. L'artiste américain, célèbre pour réinterpréter les canons de la peinture portraitiste classique, s'est alors lancé dans un ambitieux projet : capturer l'essence du pouvoir présidentiel africain à travers la peinture.
Dès 2012, Wiley a entrepris un voyage à travers l'Afrique, cherchant à rencontrer ses dirigeants. Pendant dix ans, il a dialogué avec divers chefs d'État, explorant avec eux l’histoire riche et complexe du portrait aristocratique, royal et militaire en Europe, des XVIIème au XIXème siècle (son inspiration maîtresse étant David). Ces interactions ont alimenté sa compréhension de ce que signifie être un dirigeant africain contemporain. Les hommes (et une femme, la présidente d’Ethiopie) ont accepté de prendre la pose et de ne voir l’œuvre réalisée qu’une fois achevée.
Chaque portrait réalisé par Wiley est monumental, il transmet non seulement les traits physiques du sujet, mais aussi une essence culturelle unique (les motifs Wax sont sublimes), reflétant les particularités de chaque État (certaines vues de la capitale apparaissent en toile de fond).
Ils mettent en lumière non seulement les contours de l'ego de ces figures publiques, mais aussi les stratégies de communication qu'ils emploient pour forger leur image personnelle et publique. L’exposition invite à réfléchir sur la nature du pouvoir et sur la façon dont il est perçu et représenté dans l'art et au-delà, un très beau métissage artistique.