Le Wrap Up de la dernière semaine de l'année où la guerre en Ukraine a éclaté (semaine du 19 décembre 2022)
5 bullet points sur la tech, les médias, les NFTs avec une recommandation de sorties culturelles à la fin
⌛️: temps de lecture 6 min 37 secondes
Au sommaire de cette dernière semaine de l’année:
Retournez-manèges 🎠 : une app chinoise de dating “en public”
10 milliards inside 📲 : Tiktok explose aussi sur le paiement in-App de biens digitaux
Retro-écouté 💿📼 : le comeback du physique dans la musique
Gamifié 🐒 : Yuga Labs débauche le patron des jeux d'Activision Blizzard
Délivrée ❄️ : la Reine des Neiges s'échappe de Disney à la Comédie Française
Retournez-manèges 🎠 : une app chinoise de dating “en public”
⌛️: 59 secondes
Yidui est une application de dating vidéo en Chine, petite nuance et de taille, les rendez-vous galants s'y tiennent en présence d'un... chaperon.
Le dating online prend de plus en plus de places : aux Etats-Unis, c'est déjà près de 25% des nouveaux mariages qui sont le résultat d'une rencontre sur une app en ligne (ce qui faisait dire au polémique Laurent Alexandre, que les intelligences artificielles décidaient dorénavant, en organisant les "rencontres" des utilisateurs de ces apps, de la reproduction de l'humanité), on peut aisément penser que les anciens modes de rencontre et d’arrangement des mariages trouveraient aussi leur place en ligne, mais pour des Européens, ces modes paraissent toujours un peu surranées :
Le chaperon en question guide la conversation afin que la "date" se passe au mieux.
Le succès de cette app est dingue (la société a levé près de 100 M$ depuis sa création) : désormais 40 000 professionnels du matchmaking arrangeraient ainsi tous les mois près de 10 millions de dates pour une base de célibataires de 50 millions d'utilisateurs... soit l'équivalent d'en moyenne 8 rencontres organisées par jour, le modèle ne précise pas le mode de rémunération des arrangeuses.
Là où l'on sombre définitivement dans le renouveau de "Tournez Manège", c'est lorsqu'on apprend que tout cela se fait en public : les participants live-streament leur rencontre, chattent en live avec le public rassemblé (la scène du Balcon de Cyrano avec juste un peu plus de monde...) et même acceptent les cadeaux virtuels envoyés par l'assistance (une sorte de liste de mariage avant l'heure).
❓ Vous lisez et appréciez le Wrap Up: what's next?
Qu'est-ce qui vous semble être pour 2023 l'évolution la plus utile du Wrap Up ?
🎧 Le Wrap Up Audio (quelle qu'en soit la forme : podcast, vidéo,…)
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10 milliards inside 📲 : Tiktok explose aussi sur le paiement in-App de biens digitaux
⌛️: 1 min 26 secondes
Alors que le sujet de la protection des consommateurs américains concernant leurs données de consommation Tiktok revient sur le devant de la scène (les fonctionnaires américains seront bientôt interdits de Tiktok), sans parler de la confession récente de Bytedance sur l'utilisation des données personnelles de journalistes utilisateurs de la plateforme pour traquer les fuites internes du groupe, Tiktok n'en finit pas de caracoler en particulier sur le plan publicitaire.
Mais ça n'est pas tout :
D'après DataAI, en 2023, les utilisateurs devraient dépenser 10 milliards de dollars à l'intérieur de l'application en cadeaux virtuels et autres « pourboires » au profit des influenceurs et des créateurs de contenus. Un seuil très symbolique pour la jeune application du chinois ByteDance qui a imposé le format des vidéos courtes (entre 15 secondes et 10 minutes désormais) dans le monde des réseaux sociaux.
En 2022, c'était déjà 6 Md$ de dépenses qui avaient été accomplies par ce biais.
« Le fait de donner des pourboires aux créateurs de contenus est en train de changer la face des réseaux sociaux, résume Lexi Sydow, directrice de la recherche chez Data AI. Les plateformes et la télévision traditionnelle feraient bien de s'y préparer. » Des pourboires allant jusqu'à 500 dollars par jour.
Certaines limites ont toutefois été posées, sans doute pour protéger les internautes soumis aux relances amicales de leurs influenceurs préférés : ils ne peuvent faire que 100 pourboires par jour et d'un montant de 100 dollars maximum à chaque fois, ne faites pas le calcul : une limite de 500 $/jour est aussi appliquée.
Cette fonctionnalité de pourboire est ouverte à tous les créateurs qui dépassent les 100.000 « followers » (sachant que Tiktok fonctionne davantage sur la puissance de son algorithme, l’abonnement à des créateurs n'est qu'un mode de navigation secondaire dans l’appli).
A date, les créateurs touchent l'intégralité des pourboires, même si des frais de transaction s'appliquent.
Cette génération de revenus dont finalement seuls les créateurs sont responsables, évite ainsi soigneusement la question du partage de la valeur sur la publicité qui devrait atteindre cette année les 10 Md$ (la prévision a été revue à la baisse en novembre dernier), mais si l’on en croit ces chiffres, ces pourboires représentent pratiquement de la moitié du volume d’affaires de l’appli.
Rétro-écouté 💿📼 : le comeback du physique dans la musique
⌛️: 2 min 22 secondes
Cette semaine deux articles viennent appuyer, a minima, une forme de nostalgie, au mieux, un renouveau pour les anciens supports musicaux.
Le premier dans Libération souligne la tendance au sein de la scène rap française à lorgner sur cette niche lucrative de la musique physique, très éloigné du streaming dont le rap domine actuellement superbement les classements.
A l'appui de cette tendance, l'article cite les ventes du CD du nouvel album du S-Crew de Nekfeu. En juin dernier après une semaine d'exploitation, 47 400 exemplaires physiques ont été vendues et dépassent les "ventes streaming" (comptabilisées à 15 000 ex.).
Les équipes du label ont su faire envie avec un CD qui rappelle la coque d'une voiture de sport que les fans voudront garder sur l'étagère, le prix de vente lui explique aussi ce nouvel engouement des producteurs : 19,99 euros le CD collector.
Nekfeu n'en est pas à son premier coup d’essai, avec le lancement de son album précédent, Les Etoiles Vagabondes, dont les ventes avaient atteint 70 000 exemplaires après 3 semaines de ventes (soit 40% des ventes à cette période).
Le disque, aujourd’hui indisponible à la vente était limité à 100 000 exemplaires et se revend depuis à plus de 200 euros sur Internet.
Le second article dans The Hustle s'attarde au revival de la cassette audio : les ventes, encore modestes au regard des chiffres des CDs de Nekfeu, ont doublé en 2021, passant de 173 000 à plus de 343 000 exemplaires.
Il est amusant de rappeler comment chaque support musical contribue à façonner la musique de son temps (MacLuhan avancerait doctement que le medium est le message) :
- la cassette audio a ouvert une grande liberté en permettant aux utilisateurs d'enregistrer eux-mêmes les bandes magnétiques, créant ainsi le phénomène des "mixtapes" et du même coup, massifiant considérablement le piratage, sans parler des bootlegs ces enregistrements de live;
- La cassette permettra aussi l'apparition du Walkman en 1979, marquant l'essor de la consommation individuelle dans un environnement collectif.
Auparavant la consommation était publique, même si chacun pouvait dans le secret de sa chambre s'adonner à travers le mange disque à une consommation personnelle.
Fun fact : les premiers walkmen comportaient deux prises jack pour une consommation en duo, très vite on verra que c'est la consommation personnelle qui prendra le dessus. Comme quoi les modèles mentaux ont la vie dure.
En 1963 et 1988, plus de 3 milliards de cassettes furent vendues dans le monde entier.
La cassette serait donc en train de redevenir un fait culturel:
In “Stranger Things,” a Kate Bush tape not only played a pivotal role, but made the singer’s 1985 hit “Running Up That Hill” a modern chart topper.
Artists including Taylor Swift, Billie Eilish, and The Weeknd have recently released albums on tape.
L'un comme l'autre des revivals illustrent le besoin d’un retour du tangible dans un monde musical pourtant dématérialisé (rôle du cadeau physique de musique qu'une startup comme Iconii avec de beaux objets aux contenus exclusifs s'attache également à faire revivre).
L'autre explication tient évidemment au fait que la vente de produits tangibles (et demain les NFTs?) permet à l'artiste de gagner beaucoup plus d'argent par unité de musique consommée, équation économique que le streaming ne parvient pas pour l’instant tout à fait à résoudre.
Gamifié 🐒 : Yuga Labs débauche le président d'Activision Blizzard
⌛️: 59 secondes
C'est peu de dire que depuis l'essor des NFTs, la part de gamification dans la réussie de ces projets a eu une grande importance : de la construction de la communauté sur le principe de récompense des plus engagés (en jouant sur le fameux FOMO : fear of missing out ou la crainte de ne pas en être) à l'extrémité du Play to Earn promis par un Axie Infinity, en passant par les promesses de jeux dans un métaverse de toute collection d'images de profils (PFP) qui se respecte.
Pourtant les choses viennent de prendre un sérieux coup de crédibilité avec le recrutement par Yuga Labs, le créateur de la plus connue des collections NFT le Bored Ape Yacht Club (aka BAYC), comme CEO, du président d'Activision Blizzard, Daniel Alegre. Preuve en est que l'avenir de la collection de singes (mais aussi de Meebits ou de Cryptopunks) passe par le développement de son métavers The Otherside et que la dimension gaming y sera donc très présente.
Yuga Labs managed sell $1 billion worth of NFTs to virtual land prospectors, known as Voyagers, who have purchased tokenized land plots in the Otherside virtual world. It also raised $450 million in March at a $4 billion valuation…
In a post, Solano and Aronow said, “We have a clear vision of how Yuga can continue to lead in Web3, and we’re unshakeable in our conviction of how NFTs will reinvigorate the gaming, entertainment, and lifestyle industries while opening up a space of possibility we can’t conceive of yet (though we are starting to).”
Délivrée ❄️ : la Reine des Neiges échappe à Disney à la Comédie Française
⌛️: 49 secondes
Spectacle de Noël oblige, j'ai eu le plaisir d'assister cette semaine à une représentation de la Reine des Neiges à la Comédie Française (dans ce vieux gréement du Vieux Colombier).
Qu'on ne s'y méprenne pas, il ne s'agissait pas de subir les vocalises de Christophe, Elsa et autres protagonistes du succès planétaire de Disney, inspiré des contes d'Andersen.
La Comédie Française avait pris soin de sous-titrer le spectacle "l'histoire oubliée de Kay et Gerda" pour éviter toute mauvaise surprise aux générations qui n'auraient connu, force marketing oblige, que la version Disney.
La troupe de Molière réadapte sous la plume de Johanna Boyé et d'Élisabeth Ventura, le vrai conte à partir d’un patchwork d’une dizaine de traductions : revenant aux origines, la pièce narre l'épopée de Gerda, une jeune fille en quête de son ami, Kay, adolescent mélancolique retenu dans le royaume de la Reine des neiges (qui au final n'occupe qu'un rôle relativement secondaire, recentrée sur une rationalité toute mathématique).
La mise en scène est des plus réjouissantes avec en particulier le toujours truculent Jérôme Pouly qui se plaît à jouer entre autres, le Grand Troll, une magnifique Corneille ou encore un renne de Laponie plus vrai que Sven .
Jusqu'au 8 janvier au Vieux Colombier :
Erratum il s’agit d’iiconi trouvable sur www.iiconi.com